22.
La mort ne vient donc point de Dieu. « Il n'a point fait la mort et sa joie n'est point dans la perte des vivants1. » Essence souveraine il a donné l'être à tout ce qui est; de là même ce mot essence. La mort, au contraire, pousse à n'être pas ce qui meurt, en tant qu'il meurt. Si les êtres qui meurent périssaient tout entiers, ils seraient complètement réduits au néant; mais ils meurent d'autant plus qu'ils participent moins à l'existence, ou, pourparler plus brièvement, ils meurent d'autant plus qu'ils sont moins. Or le corps est inférieur à la vie quelle qu'elle soit, parce que le peu qu'il conserve de ses traits il le doit à la vie, soit à celle qui anime chaque être vivant, soit à celle qui est répandue dans la nature tout entière. Le corps est donc plus soumis à la mort, aussi est-il plus voisin du néant. C'est pourquoi, la vie, qui se laisse séduire parles jouissances du corps et qui abandonne Dieu, court au néant c'est le crime par excellence : nequitia.
-
Sag. I, 13. ↩