28.
A propos des épines, et des chardons on pourrait répondre catégoriquement, en s'appuyant sur le passage où Dieu dit à l'homme : « La terre produira pour toi des épines et des chardons 1. » Cependant il est difficile de décider si la terre les produisit alors pour la première fois: car, les plantes et arbustes de cette espèce étant utiles à beaucoup de points du vue, pouvaient exister avec les autres, sans être pour l'homme un instrument de supplice. Leur naissance dans les champs que l'homme dut labourer en expiation de sa faute, eut sans doute pour but d'aggraver sa punition, puisque partout ailleurs ils pouvaient servir d'aliments aux oiseaux et. au bétail, ou répondre même à quelque besoin de l'homme. Une autre explication d'ailleurs ne contredit en rien le sens attaché à la parole divine: « La terre produira pour toi des épines et des chardons. » On pourrait dire que le sol produisait déjà cette végétation, mais qu'elle était destinée à fournir aux animaux une nourriture agréable, et non à devenir pour l'homme une source de peines: on sait que parmi ces plantes, les plus sèches et les plus tendres offrent à certains animaux une pâture délicieuse et substantielle. Ainsi la terre aurait commencé à produire ces espèces de plantes et d'arbustes, pour condamner l'homme à un pénible travail, à l'époque seulement où sa faute l'obligea à labourer le sol. Je ne veux pas dire qu'elles naissaient ailleurs auparavant et qu'elles apparurent alors dans les .champs qu'il travaillait pour y faire sa récolte ; non, elles se reproduisaient partout; seulement il y eut alors entre elles et l'homme un rapport jusque-là inconnu. Aussi l'Ecriture ne dit-elle pas : « La terre produira des ronces et des épines, » sans ajouter le mot significatif : « pour toi ; » en d'autres termes, tu verras naître désormais pour ta peine des plantes, qui jusque-là ne servaient qu'à nourrir d'autres animaux.
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Gen, III, 18. ↩