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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Quaestionum in Heptateuchum l. VII Questions sur l'Heptateuque
LIVRE SEPTIÈME. QUESTIONS SUR LES JUGES.
XLIX. (Ib. XI.) Du voeu de Jephté. —

26.

« Et Jephté fit un voeu et dit : Si vous livrez en mes mains les enfants d'Ammon, quiconque sortira du seuil de ma maison pour venir à ma rencontre au retour du triomphe « remporté sur les enfants d'Ammon, celui-là sera « au Seigneur, je l'offrirai en holocauste. » Qui que ce soit que Jephté ait eu en vue, en cette circonstance, dans sa pensée d'homme, il ne paraît pas qu'il ait songé à sa fille unique ; autrement il n'aurait point dit en la voyant se présenter à lui : « Malheureux que je suis! Hélas! ma fille, vous m'avez arrêté, vous êtes devenue un piège à mes yeux. » En disant: «Vous m'avez arrêté, » c'est comme s'il faisait entendre qu'elle l'a empêché d'accomplir ce qu'il avait dans l'esprit. Mais quelle autre personne devait-il s'attendre à rencontrer la première, lui qui n'avait pas d'autres enfants? Eut-il en vue son épouse? et Dieu empêcha-t-il qu'une telle pensée s'accomplit, et en même temps qu'un voeu semblable restât impuni, de peur que d'autres, dans la suite, n'osassent le renouveler? Voulût-il par un trait merveilleux de sa providence figurer dans cet événement le mystère de l'Eglise? Cette figure prophétique résulterait donc de ces deux choses, savoir : de l'objet que Jephté eut en vue en faisant son veau, et de ce qui arriva en réalité, contrairement à son dessein. — S'il eut en vue son épouse, l'Eglise est l'épouse du Christ. « C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à son épouse, et ils seront deux dans une même chair. Ce mystère est grand, s'écrie l'Apôtre, je dis, en Jésus-Christ et en l'Eglise 1. » Mais comme il n'était pas possible que cette épouse de Jephté fût une vierge, il arriva que sa fille venant elle-même à la rencontre de son père, la témérité qui avait voué un sacrifice défendu, fut punie, et la virginité de l'Eglise figurée. Rien ne s'oppose à ce que l’Eglise soit désignée sous ce nom de fille : n'était ce point l'Eglise que représentait cette femme qui, ayant été guérie après avoir touché la frange de la robe de Notre-Seigneur, entendit cette parole : « Ma fille, aie confiance, ta foi t’a sauvée, va en paix 2. » Et assurément nul ne met en doute que Notre-Seigneur ait appelé ses disciples les fils de l'époux? montrant très-clairement qu'il est lui-même l'époux : « Les fils de l'époux, dit-il, ne peuvent jeûner tout le temps que l'époux est avec eux; viendront les jours ou l'époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront 3. » L'Eglise, que le bienheureux Apôtre appelle « une chaste vierge 4, » sera donc un holocauste quand s'accomplira dans l'universelle résurrection des morts cette parole de l'Ecriture : « La mort a été engloutie dans sa « victoire. » Alors Jésus-Christ remettra son royaume aux mains de Dieu son Père 5. Ce royaume, c'est l'Eglise elle-même ; le roi, c'est celui dont Jephté est la figure. Mais parce que ceci arrivera quand le sixième âge du monde sera écoulé, un délai de soixante jours a été demandé pour la virginité de la fille de Jephté. L'Eglise est rassemblée de tous les âges. D'Adam au déluge, c'est le premier .âge; du déluge, c'est-à-dire de Noé, à Abraham, c'est le deuxième âgé ; le troisième, d'Abraham à David; le quatrième, depuis David jusqu'à la captivité de Babylone; le cinquième, de la captivité de Babylone jusqu'à l'enfantement de la Vierge; le sixième, depuis cette dernière époque jusqu'à la fin du siècle Ces six âges sont comme les soixante jours de deuil pendant lesquels la sainte Eglise pleure sa virginité : car quoique vierge elle a des fautes à déplorer, ces fautes pour lesquelles chaque jour, dans le monde entier, elle répète : « Pardonnez-nous nos offenses 6. » Les soixante jours sont exprimés par deux mois; l'écrivain sacré l'a préféré ainsi, je pense, à cause des deux Adam, l'un par qui la mort est venue, l'autre par qui se féra la résurrection des morts : c'est pour cela aussi qu'il y a deux Testaments.


  1. Eph. V, 31, 32. ↩

  2. Matt. IX, 20-22.  ↩

  3. Ib. 15.  ↩

  4. II Cor. X,1, 2.  ↩

  5. I Cor. XV, 54, 24.  ↩

  6. Matt. VI, 12. ↩

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