3.
En effet l'Apôtre nous dit: « Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais point serviteur du Christ 1, » bien qu'il dise ailleurs Complaisez à tous en toutes choses, comme je le fais moi-même 2. Pour ceux qui ne savent pas comprendre, il y a là une contradiction pourtant en disant qu'il ne plaît pas aux hommes, il veut dire qu'il ne fait pas le bien pour leur plaire, mais pour plaire à Dieu, à l'amour duquel il voulait amener tous les hommes en cherchant à leur plaire. Il avait donc raison de dire qu'il ne plaisait pas aux hommes, parce qu'en cela il n'avait en vue que de plaire à Dieu : et il n'avait pas moins raison de recommander de plaire aux hommes, non pour chercher là une récompense à de bonnes actions, mais parce qu'on ne petit plaire à Dieu sans se présenter comme modèle à ceux qu'on veut sauver, et que personne n'est tenté d'imiter celui qui ne lui plait pas. Ainsi comme il ne serait point déraisonnable de dire : En prenant la peine de chercher un vaisseau, ce n'est pas un vaisseau, mais une patrie, que je, cherche; de même l'Apôtre pouvait dire: En cherchant à plaire aux hommes, ce n'est pas aux hommes, mais à Dieu que je plais: car, mon but n'est pas là, mais je tends à être imité par ceux que je veux sauver. C'est ainsi qu'il dit en parlant des oblations faites pour les saints « Non que je recherche vos dons, mais je désire le fruit qui en résultera 3 ; » c'est-à-dire en recherchant vos dons, ce ne sont pas vos dons que je recherche, mais les fruits qui en résulteront pour vous. Car c'était là un indice du progrès qu'ils avaient faits dans les voies du Seigneur, puisqu'ils offraient de bon coeur ce que l'Apôtre leur demandait, non pour son plaisir, mais pour entretenir les liens de la charité.