43.
Souvent aussi le souci des nécessités de la vie blesse et, souille notre oeil intérieur; le plus souvent il rend notre coeur double, en sorte que ce que nous semblons faire de bien aux hommes, n'est plus animé du motif que Dieu exige, c'est-à-dire de l'esprit de charité, mais inspiré par l'intention d'obtenir d'eux quelque chose d'utile aux besoins de la vie présente. Or c'est leur salut éternel, et non un avantage propre et temporel, que nous devons avoir en vue dans le bien que nous leur faisons. Que Dieu incline donc notre coeur vers ses commandements, et le détourne de la cupidité 1. Car la fin du précepte est la charité qui vient d'un cœur pur, d'une bonne conscience et d'une foi non feinte 2. Or celui qui rend service à un frère pour subvenir à ses propres besoins, n'agit évidemment pas par charité: ce n'est pas dans l'intérêt de celui qu'il doit aimer comme lui-même, mais dans son intérêt personnel qu'il agit; ou plutôt ce n'est pas même à son profit: car il se fait par là un coeur double qui l'empêche de voir Dieu, et voir Dieu est pourtant le seul bonheur certain et durable.