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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Epistulae ad Romanos inchoata expositio Explication commencée de l'Épître aux Romains

18. Est-ce le péché commis avec la connaissance de la volonté de Dieu ?

Mais peut être ne doit-on pas dire que celui-là commet le péché avec la connaissance suffisante, qui sachant bien que son action peccamineuse est mauvaise, ne connaît cependant ni Dieu ni la volonté de Dieu, au moment où il accomplit cette action ? C'est en effet ce que l'Apôtre semble enseigner, quand il écrit aux Hébreux : « Si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne nous reste plus désormais de sacrifice pour expier nos péchés 1. » Ces paroles seraient moins remarquables, s'il avait dit seulement : « Si nous commettons le péché volontairement, » sans ajouter : « Après que nous avons reçu la connaissance de la vérité : » connaissance qui certainement n'est pas autre que celle de Dieu et de la volonté divine. Or ce que l'Apôtre dit ici de cette connaissance de la vérité semble se rapporter à cette maxime de Notre-Seigneur : « Le serviteur qui, ignorant la volonté de son Maître, fait des choses dignes de châtiment, recevra peu de coups ; mais celui qui, connaissant la volonté de son maître, fait des choses dignes de châtiment, recevra un grand nombre de coups 2. » Nous pouvons en effet entendre ces paroles: « Il recevra peu de coups, » en ce sens qu'après une légère correction il obtiendra son pardon ; et nous pouvons regarder ces autres: « Il recevra un grand nombre de coups, » comme désignant le châtiment éternel dont Notre-Seigneur menace ceux qui pèchent contre le Saint-Esprit, en leur déclarant qu'ils n'obtiendront jamais le pardon de leurs péchés ; d'où il suit que pour commettre un péché contre le Saint-Esprit il suffit de commettre un péché quelconque avec la connaissance de la volonté de Dieu.-Mais s'il en est ainsi, il faut auparavant, examiner avec soin et déterminer à quel moment on connaît la volonté de Dieu. Plusieurs ont connu cette volonté même avant d'avoir reçu le sacrement de Baptême. Le centurion Corneille reçut certainement cette connaissance au moment où saint Pierre l'instruisait, et avant son baptême le Saint-Esprit descendit sur lui, ainsi que des signes manifestes le témoignèrent ; bien qu'au lieu de dédaigner ensuite ce sacrement, il le reçut pour plus de sûreté, afin de trouver aussitôt dans les signes saints et sacrés, dont la vertu était déjà produite en lui, une connaissance parfaite de la vérité 3 ; tandis que beaucoup d'autres au contraire après avoir reçu le. baptême, ne se mettent pas en peine de connaître la volonté de Dieu. Conséquemment nous ne pouvons, en aucune manière, dire ni croire que ceux qui, avant leur baptême et avec la connaissance de la volonté divine, ont commis des péchés, ne recevront pas, lorsqu'ils seront baptisés, la rémission de toutes leurs fautes quelles qu'elles soient. D'autant plus que la volonté divine, par rapport à l'amour de Dieu et du prochain, est enseignée en quelques mots aux croyants, puisque la Loi tout entière et tous les Prophètes sont renfermés dans ces deux commandements 4. Notre-Seigneur lui-même nous recommandé d'aimer le prochain, c'est-à-dire d'aimer tous les hommes sans excepter même nos ennemis 5. Et cependant nous voyons une multitude de chrétiens qui, âpres leur baptême, reconnaissent bien la vérité de ces préceptes, et les vénèrent comme sortis de la bouche du Seigneur ; mais dès qu'ils ont à souffrir de la part de quelque ennemi, le désir de la vengeance les emporte tellement, le feu de la haine s'allume en eux avec tant d'ardeur, que ni le nom ni les paroles mêmes de l'Evangile ne peuvent les apaiser. Toutes les Eglises sont remplies d'hommes semblables qui ont reçu le Baptême. Et néanmoins ceux qui sont spirituels ne cessent de les avertir d'une manière fraternelle, de les exciter avec un zèle infatigable et dans un esprit de douceur 6, à s'opposer et à résister à ces sortes de tentations et à désirer plutôt de régner dans la paix de Jésus-Christ que de se réjouir à la vue d'un ennemi accablé. Or, cette manière d'agir serait vaine, s'il ne restait plus à de semblables pécheurs aucune espérance de pardon, si la pénitence n'avait plus de remède pour eux. Que d'ailleurs on prenne garde, en pensant autrement, d'affirmer que David, ce patriarche comblé d'éloges et de louanges par Dieu qui l'avait choisi lui-même, ne connaissait pas la volonté de Dieu, quand épris d'amour pour la femme d'autrui, il tendit un piège au maride cette femme et le fit périr: car après s'être condamné lui-même et avoir été condamné pour ce crime de la bouche d'un prophète, il obtient sa délivrance par l'humilité de son repentir et la confession de son péché. Toutefois il fut puni sévèrement 7; et son exemple suffit pour nous faire comprendre que le Seigneur n'avait pas en vue les peines éternelles, mais qu'il parlait seulement d'une sévérité plus grande de la part de la loi, quand il disait : « Celui qui connaît la volonté de son Seigneur et qui fait des choses dignes de châtiment, recevra un grand nombre de coups. »


  1. Héb. X, 26. ↩

  2. Luc, XII, 47, 48. ↩

  3. Act. X.  ↩

  4. Matt. XII, 31-10.  ↩

  5. Ib. V, 44.  ↩

  6. Gal. VI, 1. ↩

  7. II Rois XI, XII.  ↩

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Explication commencée de l'Épître aux Romains

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