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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Epistulae ad Galatas expositio Commentaire de l'Épître aux Galates

32. Dieu fait tout servir à ses desseins, les démons mêmes 1.

Ce qui prouve avec la dernière évidence que l'Apôtre parle ici aux Gentils convertis, à qui d'ailleurs son Épître est adressée, c'est ce qui suit. « Ainsi donc, dit-il, nul n'est plus serviteur, mais fils ; » ce qui rappelle les paroles précédentes : « Tant que l'héritier est enfant, il ne diffère point d'un serviteur. — Mais si on est fils, on est aussi héritier par Dieu ; » autrement, par la miséricorde de Dieu et non par suite des promesses faites aux patriarches, dont on ne descend point corporellement comme les Juifs, tout enfant que l'on soit d'Abraham par l'imitation de sa foi, dont on a mérité la grâce parla miséricorde du Seigneur.

« Autrefois, à la vérité, ignorant Dieu; vous étiez asservis à ceux qui par leur nature ne «sont pas des dieux. » Evidemment ce n'est pas aux Juifs, c'est aux Gentils qu'il s'adresse ici ; de plus il ne dit pas : nous étions asservis, mais : « Vous étiez asservis. » N'est-il donc pas assez probable, au moins maintenant, qu'aux Gentils encore il rappelait précédemment qu'ils avaient été asservis aux éléments de ce monde comme à des tuteurs et à des curateurs 2 ? Car ces éléments du monde ne sont point des dieux par leur nature, « ni au ciel, ni sur la terre, comme il y a beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs ; quoique pour nous il n'y ait qu'un seul Dieu, savoir le Père, de qui viennent foutes choses, nous surtout qui demeurons en lui; et qu'un seul Seigneur, savoir Jésus-Christ, par qui toutes choses viennent, et nous spécialement 3. » En disant: « Vous étiez asservis à ceux qui par leur nature ne sont pas des dieux, » l'Apôtre rappelle clairement que par nature il n'y a qu'un seul Dieu véritable, celui en qui tout coeur fidèle et catholique voit la Trinité. Quant à ceux qui par leur nature ne sont pas dès dieux, si l'Apôtre les a appelés des tuteurs et des curateurs, c'est que parmi toutes les créatures, soit parmi celles qui restent dans la vérité pour glorifier Dieu, soit parmi celles qui n'y sont pas restées et qui ont cherché plutôt leur propre gloire, il n'en est aucune qui de gré ou de force ne seconde les desseins de la divine Providence ; avec cette différence que si la créature sert Dieu avec bonne volonté, elle sera l'instrument de sa bonté, au lieu que si elle s'y refuse, elle sera l'instrument de sa justice.

D'ailleurs si les anges prévaricateurs, aussi bien que leur chef, n'étaient point entre les mains de la divine Providence comme des tuteurs et des curateurs, le Seigneur ne nommerait pas le diable le magistrat de ce siècle, et la puissance des Apôtres eux-mêmes ne, l'emploierait pas à corriger les coupables. Saint Paul dit néanmoins : « Je les ai livrés à Satan, pour leur apprendre à ne plus blasphémer 4 ; » il ne dirait pas non plus ailleurs, en vue de procurer le salut des pécheurs : « Pour moi, absent de corps, il est vrai, mais présent en esprit, j'ai déjà décidé, comme si j'étais là, et après vous avoir réunis avec mon esprit au nom de Jésus-Christ Notre-Seigneur, et par l'autorité même de Jésus-Christ Notre-Seigneur, de livrer à Satan, pour la mort de son corps, l'auteur d'un pareil attentat, afin que son âme soit sauvée au jour du Seigneur Jésus 5. » Du reste un magistrat ne fait que ce que lui permet l'empereur établi alors ; ainsi les tuteurs et les curateurs de ce monde n'agissent jamais qu'avec la permission du Seigneur. Rien ne lui échappe, comme tant de choses échappent à un homme; en rien non plus sa puissance ne lui fait défaut ; de sorte que ces tuteurs et ces curateurs qui sont sous sa main, ne font rien à son insu ou malgré lui, dans la sphère même de l'activité qu'il leur a laissée. Cependant il ne les récompense pas de ce qu'ils sont les instruments de sa justice, il considère l'esprit qui les anime : c'est que d'une part Dieu n'a pas refusé la liberté à la créature raisonnable, et que d'autres part il conserve dans sa main le pouvoir de faire entrer les injustes mêmes dans les plans de sa justice. Souvent, dans nos autres ouvrages, nous avons donné à cette idée de plus amples développements 6.

Ainsi donc, que les Gentils aient adoré le soleil, la lune, les étoiles, le ciel, la terre et autres choses semblables, ou bien qu'ils aient adoré les démons, on a raison de dire qu'ils étaient asservis à des tuteurs et à des curateurs.


  1. Ib. IV, 7, 8.  ↩

  2. Ib. 1-3. ↩

  3. I Cor. VIII, 5, 6.  ↩

  4. I Tim. I, 20.  ↩

  5. I Cor. V, 3-5. ↩

  6. Voir les livres, du libre arbitre. Tom III. ↩

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Commentaire de l'Épître aux Galates

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