48. Les oeuvres de la chair 1.
L'Apôtre fait ensuite l'énumération des oeuvres de la chair, afin de faire comprendre que si on consent à suivre ces désirs charnels on se conduit parla chair et non par l'esprit. « Or on connaît aisément les oeuvres de la chair, dit-il; ce sont la fornication, l'impureté, le culte des idoles, les empoisonnements, les inimitiés, les contestations, les colères, les jalousies, les dissensions, les hérésies, « les envies, les ivrogneries, les débauches et autres vices semblables; et je déclare, comme je l'ai déjà fait, que ceux qui les commettent ne posséderont point le royaume de Dieu. » Mais on les commet quand en cédant aux passions de la chair on consent à les accomplir, lors même qu'on n'en est pas capable. Supposé au contraire que malgré les impressions mauvaises on demeure invinciblement attaché à la charité victorieuse, et que loin de faire le mal extérieurement on n'y donne même pas son consentement intérieur, alors on ne commet pas ces désordres et on parviendra au royaume de Dieu. Dans ce cas en effet le péché ne règne pas dans notre corps mortel jusqu'à nous faire obéir à ses convoitises ; quoique cependant il y habite, puisque n'y sont point éteints ces penchants naturels avec lesquels nous sommes nés pour mourir, ni ces autres penchants que nous y avons ajoutés par notre propre conduite, lorsqu'en péchant nous avons accru le péché et la condamnation qui pesait sur nous depuis notre origine. Car autre chose est de ne pécher pas, et autre chose de n'avoir pas le péché en soi. Nous ne péchons pas, lorsque le péché ne règne pas en nous, c'est-à-dire lorsque nous n'en suivons pas les inclinations; mais n'avoir plus même en soi ces inclinations, c'est faire plus que de ne pécher pas, c'est n'avoir pas en soi le péché. Si l'on peut durant cette vie atteindre sous plusieurs rapports à ce degré de perfection, on n'y parviendra néanmoins sous tous rapports qu'à la résurrection de la chair et à la transformation de nos organes.
« Je vous déclare, dit l'Apôtre, comme je l'ai déjà fait, que ceux qui commettent ces désordres ne posséderont pas le royaume de Dieu : » on peut ici se demander dans quelle circonstance il a fait cette déclaration, car il n'en est pas question dans cette Épître. Il l'a donc faite de vive voix, ou bien il savait que les Galates avaient reçu l'Épître adressée par lui aux Corinthiens. Il y dit en effet : « Ne vous abusez point : ni les fornicateurs, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les abominables, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les médisants, ni les rapaces, ne posséderont le royaume de Dieu 2. »