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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXI.

18.

« Dieu a parlé une fois ». Que dis-tu, ô Idithun? Toi qui as devancé les impies, est-ce bien ton langage? « Dieu a parlé une seule fois? » Je consulte l’Ecriture, et elle me dit en un autre endroit: « Dieu a parlé souvent, et en plusieurs manières à nos pères, par les Prophètes1 » Pourquoi donc dire: « Dieu a parlé une seule fois? » N’est-ce pas ce même Dieu qui a parlé à Adam dès le commencement du monde? N’est-ce pas le même Dieu qui a parlé à Caïn, à Noé, à Abraham, à Isaac, à Jacob, à Moïse et à tous les Prophètes? A lui seul, Moïse n’a-t-il pas souvent entendu la parole du Seigneur? Dieu a donc conversé avec plusieurs hommes, et bien des fois. Il a aussi parlé à son Fils, pendant qu’il vivait sur la terre; il lui a dit: « Tu es mon fils biens aimé2 ». Il a encore parlé aux Apôtres et à tous les saints; et si sa voix ne retentissait pas du haut du ciel, elle se faisait, du moins, entendre au fond du coeur; car c’est là que le Seigneur s’adresse particulièrement aux hommes pour les instruire. Aussi David disait-il: « J’écouterai ce que le Seigneur Dieu me dira dans le secret de mon âme, parce qu’il adressera des paroles de paix à son peuple3 ». Qu’est-ce donc à dire: « Dieu a parlé une seule fois? » Idithun s’était élevé bien haut, puisqu’il était parvenu à l’endroit où Dieu n’a parlé qu’une fois. Je vais, en deux mots, expliquer à votre charité ma pensée tout entière. Sur la terre, sans doute , au milieu des hommes, Dieu a parié maintes fois, en différentes manières, en plusieurs endroits, par l’organe d’une foule de créatures diverses; mais, en lui-même, il n’a parlé qu’une fois, parce qu’il n’a engendré qu’un Verbe. Idithun, en devançant ses ennemis, s’était donc élevé, par la force pénétrante, par la vivacité , pleine de hardiesse et de confiance, de son esprit, au-dessus de ce monde et de tout ce qu’il renferme ; il s’était élevé au-dessus des airs et des nuages, du sein desquels le Seigneur avait parlé souvent et à une multitude d’hommes: il s’était élevé par l’essor puissant de sa foi, même au-dessus des anges: car, pareil à l’aigle, il avançait toujours, et, méprisant les régions terrestres, il s’élançait par-delà les nuées qui enveloppent l’univers, et dont la Sagesse a dit : « J’ai couvert toute la terre d’une nuée4 ». Après avoir laissé bien loin derrière lui toutes les créatures, brûlant du désir de trouver Dieu, répandant son âme au-dessus de lui, il était enfin parvenu à un ciel pur; il était arrivé jusqu’au Principe,jusqu’au Verbe, Dieu en Dieu: alors il trouva l’unique Verbe d’un Père unique; alors il comprit que Dieu n’a parlé qu’une fois, alors il vit le Verbe, par qui tout a été fait5, et en qui toutes choses subsistent ensemble, dans leur entier, sans inégalité aucune. Car Dieu savait parfaitement ce qu’il faisait par son Verbe, et puisqu’il le savait, ce qu’il faisait était donc en lui avant d’exister. Si les choses, qu’il a créées, ne se trouvaient pas en lui, avant de sortir du néant, comment aurait-il pu connaître ce qu’il faisait ? Mais est-il possible de dire que Dieu faisait des choses sans les connaître d’avance? Les créatures étaient donc en lui comme dans leur archétype. Si, maintenant, on ne peut avoir la connaissance d’un objet qu’après sa création, par quel moyen a-t-il eu cette connaissance? Remarquez-le, mes frères, ce sont les créatures seules, c’est vous, ce sont les hommes sortis du néant et placés en ce bas monde, qui ne connaissent pas les oeuvres de Dieu, tant qu’elles n’ont pas apparu à leurs regards; pour le Créateur, elles n’avaient rien de caché, même quand elles étaient encore au nombre des êtres possibles:

lorsqu’il les a faites, il les connaissait donc. Avant leur création, toutes choses étaient, par conséquent, dans le Verbe, qui les a faites. Et depuis le jour où elles sont sorties du néant, elles sont encore dans le même Verbe, mats elles ne sont de la même manière ni dans le Verbe, ni dans le monde: elles sont, en effet, dans l’état où elles se trouvent, tout autres que dans l’idée de l’Eternel artiste qui les a créées. Qui est-ce qui pourra expliquer de tels mystères ? Nous essayons de le faire; mais suivez Idithun, et voyez vous mêmes.


  1. Hébr. I, 1.  ↩

  2. Matth. III, 17.  ↩

  3. Ps. LXXXIV, 9.  ↩

  4. Eccli. XXIV, 6. ↩

  5. Jean, I, 3. ↩

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