18.
«Retirez-moi de la fange, afin que je n’y demeure point1 ». C’est de cette fange qu’il a dit plus haut: « Je suis fixé dans le limon de l’abîme, et ce n’est point une substance ». Après avoir écouté l’explication de ce premier passage, il ne vous reste rien de plus â comprendre ici. Le Christ veut donc être tiré du bourbier où plus haut il se dit enfoncé. «Tirezu moi de cette fange, afin que je n’y demeure « point n. Et il explique lui-même : « Queje sois u délivré de ceux qui me haïssent». Ils sont donc le limon qui me submergeait. Mais voici peut-être une réflexion qui nous est suggérée. Tout à l’heure il disait: «J’ai été fixé », maintenant il dit : « Tirez-moi de cette fange, afin que je n’y demeure point2 »; tandis que, selon le premier sens, il devrait dire : Sauvez-moi, en me tirant de cette fange qui m’arrêtait, et non en m’empêchant de m’y arrêter. Il y était donc resté d’une manière corporelle, et non selon l’esprit. Il parle ainsi en se conformant à l’infirmité de ses membres. Lorsque tues saisi par celui qui te pousse au péché, ton corps est tenu en réalité, tu es alors enfoncé dans le limon de l’abîme, d’une manière corporelle; mais tant que tu n’y as pas consenti, tu n’y demeures point; tu y demeures au contraire, si tu y consens. C’est donc à toi de prier, afin que ton âme ne soit point retenue comme ton corps, et que tu sois libre dans les chaînes. « Délivrez-moi de ceux qui me haïssent, délivrez-moi du sein de l’abîme ».