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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXXIII.

2.

Sans aucun dessein de notre part, mais bien par la Providence de Dieu, nous venons d’entendre fort à propos dans l’Evangile : «Que la loi fut donnée par Moïse, que la grâce et la vérité viennent de Jésus-Christ1». Car si nous remarquons bien les différences entre les deux Testaments, l’Ancien et le Nouveau, nous ne trouverons ni les mêmes sacrements, ni les mêmes promesses, quoique ce soient les mêmes préceptes. Car: « Vous ne tuerez point; vous ne commettrez point la fornication ; vous ne déroberez point; honorez votre père et votre père; vous ne direz point de faux témoignage; vous ne désirerez point le bien du prochain; vous ne désirerez point son épouse non plus2»; voilà ce qui nous est aussi ordonné. Quiconque néglige ces préceptes, s’écarte de la voie, et se rend indigne d’aller avec Dieu sur cette montagne sainte, dont le Prophète a dit: «Qui habitera, Seigneur, dans vos tabernacles, ou qui reposera sur votre sainte montagne3? L’homme aux mains innocentes, et au coeur pur4». En examinant ainsi les préceptes, nous les trouvons semblables, ou à peine différents dans l’Evangile, de ce qu’en ont dit les Prophètes. Ainsi donc, ce sont les mêmes préceptes, mais non les mêmes sacrements, ni les mêmes promesses. Voyons pourquoi ce sont les mêmes préceptes; c’est qu’ils déterminent la manière dont nous devons servir Dieu. Les sacrements sont différents, car les uns donnent le salut, les autres promettent le Sauveur. Les sacrements de la Nouvelle Alliance donnent le salut, tandis que c’est le Sauveur qui est promis dans ceux de l’Ancienne Alliance; mais dès lors que l’on possède le Sauveur promis, à quoi bon s’arrêter aux promesses? Je dis que nous possédons ce qui était promis, non point que nous ayons déjà la vie éternelle, mais parce que le Christ prédit par les Prophètes est venu. Les sacrements sont changés, ils sont devenus plus faciles, moins nombreux, plus salutaires, plus heureux. Pourquoi les promesses ne sont-elles pas les mêmes? C’est que la terre de Chanaan fut promise aux Juifs, terre grasse et fertile, où coulaient des ruisseaux de lait et de miel; un royaume leur fut promis, la félicité du temps leur était promise, la fécondité dans la famille et la victoire sur leurs ennemis5. Tout cela n’est qu’un bonheur de la terre. Mais comment ces promesses étaient-elles d’abord nécessaires? « C’est que ce n’est point le corps spirituel qui a été créé le premier », dit saint Paul, « mais bien le corps animal, et ensuite le spirituel. Le premier homme, est l’homme terrestre, formé de la terre; le second est l’homme céleste, venu du ciel. Comme le premier fut terrestre, ses enfants sont terrestres, et comme le second fut céleste, ses enfants sont célestes. De même que nous avons porté l’image de l’homme terrestre , il nous faut porter l’image de l’homme qui est du ciel6 ». L’Ancien Testament fut fait à l’image de l’homme terrestre , et c’est à l’image de l’homme céleste qu’est fait le Nouveau Testament. Mais afin que l’on ne crût point que le Créateur de l’homme terrestre n’est pas celui qui a fait l’homme céleste, voilà quo Dieu, pour nous montrer qu’il a créé l’un et l’autre, a voulu être l’auteur des deux Testaments, et faire dans l’Ancien des promesses terrestres, et des promesses célestes dans le Nouveau. Mais jusques à quand, ô homme, seras-tu terrestre? Jusques à quand auras-tu du goût pour la terre? Parce que l’on donne à un enfant des jouets enfantins pour amuser son jeune esprit, faut-il, quand il grandit, ne pas les lui enlever des mains, afin de lui donner une occupation plus utile et plus digne de son âme ? Toi-même, n’as-tu pas donné à ton fils des noix quand il était enfant, et un livre quand il a grandi? Si donc Dieu, par le Nouveau Testament, a secoué, des mains de ses fils, ces espèces de jouets d’enfants, afin de leur donner, à mesure qu’ils grandissent, quelque chose de plus utile, ce n’est pas une raison de croire qu’il n’a point donné les premiers biens, il est l’auteur des uns et des autres. « Mais la loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité par Jésus-Christ7 »; « la grâce », parce que c’est la charité qui accomplit ce que prescrivait la loi; « la vérité», parce que Dieu nous rend ce qu’il a promis. Voilà ce qu’a compris cet Asaph. Enfin tous ces biens temporels promis aux Juifs sont retranchés. Où est maintenant leur royaume? Où est le temple? Où est l’onction? Où est le sacerdoce? Où sont chez eux les Prophètes ? Depuis l’avènement de celui que les Prophètes annonçaient, ils n’ont plus paru dans cette nation; elle a perdu les biens de la terre, et n’a pas encore acquis ceux du ciel.


  1. Jean, I, 17. ↩

  2. Exod. XX, 12-17. ↩

  3. Ps. XIV, I. ↩

  4. Id. XXIII, 4. ↩

  5. Exod. III, 8. ↩

  6. I Cor. XV, 46-49.  ↩

  7. Jean, I, 17. ↩

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