4.
Mais, diras-tu, comment puis-je être semblable à Dieu, quand je me déplais encore à moi-même? — Aussi le Prophète a-t-il dit : « Commencez ». Commence par confesser tes fautes au Seigneur; tu te perfectionneras dans la paix; car tu es encore en guerre contre toi-même. Tu dois combattre non-seulement contre les suggestions du démon, contre ce prince de la puissance de l’air, qui règne sur les fils de l’incrédulité, contre le diable et ses anges, contre les esprits de malice1 ce n’est pas seulement contre tout cela qu’il te faut combattre, mais aussi contre toi-même.
Comment contre toi-même ? Contre tes habitudes mauvaises, contre les attaches invétérées de ta vie coupable, qui te ramènent toujours aux désordres du passé, te détournant d’une vie nouvelle. C’est orne vie nouvelle en quelque sorte, qui t’est demandée, et tu es le vieil homme. La joie d’une vie nouvelle t’élève, et le poids du vieil homme te rabaisse : ce double mouvement est une guerre contre toi-même. Te haïr toi-même, c’est t’unir à Dieu, et cette union à Dieu te donne la force de vaincre, parce que tu as avec toi Celui qui est supérieur à tout. Vois ce que dit l’Apôtre : « Je suis soumis à la loi de Dieu par l’esprit, et à la loi du péché par la chair2 ». Comment « par l’esprit? » Parce que tu hais ta vie désordonnée. Comment « par la chair? » C’est que tu n’es pas exempt des suggestions et des attraits du péché, mais ton coeur uni à Dieu te fait vaincre ce qui refuse en toi d’obéir. Tu avances d’une part, tu es retardé d’autre part. Traîne-toi vers celui qui t’élève en haut. Es-tu entraîné par le poids du vieil homme? Redis dans tes cris: « Malheureux homme que je suis! qui me délivrera de ce corps mortel ? » Qui me délivrera de ce corps qui m’entraîne ? Car ce corps corruptible appesantit l’âme3. Qui donc me délivrera? « La grâce de Dieu, par Jésus-Christ Notre-Seigneur4 ». Pourquoi te laisser dans une longue guerre contre toi-même, jusqu’à ce qùe toute convoitise soit détruite? C’est afin que tu comprennes que ton châtiment est en toi, que tu as en toi-même ton propre fléau; que ton coin bat soit de même en toi. C’est ainsi que Dieu tiré vengeance des rébellions : pour n’avoir point voulu de la paix avec Dieu, le pécheur est en guerre avec lui-même. Mais tiens tes membres en garde contre tes convoitises déréglées. Dans l’irritation, tiens-toi dans l’union de Dieu. Elle aura bien pu s’élever, mais non trouver des armes. L’irritation a ses transports, toi tu as des armes : qu’elle demeure désarmée, afin que ses vains soulèvements lui apprennent à ne plus se soulever.