7.
David au reste le fait lui-même. Vois ce qu’il a dit : «Néanmoins, Seigneur, vous avez rejeté, anéanti tout cela». Où donc est votre promesse? « Vous avez éloigné votre Christ ». Bien qu’il énumère des désastres, il nous console néanmoins par cette dernière parole. Ce que vous avez promis, ô mon Dieu, subsiste donc toujours, car vous n’avez point dérobé votre Christ pour toujours, vous l’avez seulement éloigné. Voyez donc ce qui est arrivé à ce David, en qui leur ignorance leur faisait croire que Dieu accomplirait ses promesses, afin que ces mêmes promesses fussent accomplies dans un autre en qui l’on espère avec plus de certitude: « Vous avez éloigné votre Christ, vous avez rompu l’alliance avec votre serviteur ». Où est en effet l’alliance antique avec les Juifs? Où est cette terre promise qu’ils ont habitée pour commettre tant de fautes, que Dieu a détruite pour les en chasser ? Cherche le royaume des Juifs, dl n’est plus; l’autel des Juifs, il n’est plus ; le sacrifice des Juifs, il n’est plus; le sacerdoce des Juifs, il n’est plus: « Vous avez rompu l’alliance avec votre serviteur; son sanctuaire est profané dans la poussière » .Vous avez montré la poussière dans ce qu’il avait de plus saint. « Vous avez détruit toutes ces murailles », dont vous l’aviez environné. Comment l’eût-on pillé, si ses murailles n’eussent été détruites? « Ses remparts sont un objet de terreur». Qu’est-ce à dire un objet de crainte? ils font dire au pécheur : « Si Dieu n’a point épargné les branches naturelles, il ne te pardonnera point non plus1. Tous ceux qui passaient par le chemin l’ont pillé » ; c’est-à-dire tous les Gentils, qui passaient par le chemin, ou par cette vie, ont pillé Israël, ou David. Voyez en en effet les lambeaux de ce peuple chez les Gentils : c’est d’eux qu’il est dit : « Ils seront la proie des renards2 ». Car l’Ecriture donne le nom de renards à ces rois impies, fourbes et timides qu’effraie la vertu des autres. C’est pourquoi le Sauveur, parlant d’Hérode qui lui faisait des menaces, a dit : « Répondez à ce renard3 » Un roi qui ne redoute aucun autre homme n’est point un renard ; il est ce lion de la tribu de Juda, à qui il est dit: « Tu es monté pour reposer, tu as dormi comme un lion4 ». Tu es monté dans ta puissance, et dans ta puissance tu as dormi tu as dormi, parce que tu l’as voulu. Aussi est-il dit dans un autre psaume : « Pour moi, j’ai dormi ». Ne suffisait-il pas de dire : « J’ai dormi, j’ai pris mon sommeil, et je me suis levé, parce que le Seigneur est mon appui5? » A quoi bon « pour moi? » Pesons bien attentivement cette parole : « Pour moi, c’est moi qui me suis endormi ». A eux la colère, la persécution ; mais si je ne l’eusse voulu, je n’eusse jamais dormi. « Pour moi j’ai dormi». Tout à l’heure donc, on disait d’eux : « Ils seront la proie des renards », et l’on dit maintenant: « Tous ceux qui passaient par le chemin ont pillé votre héritage, il est devenu pour les voisins un objet d’opprobre. Vous avez élevé la main, de ses ennemis, vous avez donné à ses adversaires l’ivresse de la joie ». Voyez les Juifs et voyez l’accom plissement de celte prophétie. « Vous avez détourné le secours de leur glaive». Ils avaient coutume de combattre en petit nombre, de renverser de grandes armées; et voilà que « vous avez détourné l’appui de leur glaive, et ne les avez point soutenus dans les combats». Le voilà donc à bon droit vaincu, à bon droit captif, à bon droit privé du royaume, à bon droit dispersé ! Car il a perdu cette terre pour laquelle il a mis à mort le Sauveur. « Vous avez détourné l’appui de son glaive, et ne l’avez point secouru dans la guerre, vous l’avez délié pour qu’il ne se corrige point ». Qu’est-ce à dire? Dans tous ces malheurs, rien n’est plus formidable. Quelle que soit la sévérité de Dieu, quelle que soit sa colère, qu’il nous frappe, qu’il nous châtie à son gré, mais du moins qu’il nous lie quand il nous frappe, afin de nous purifier: mais qu’il ne nous délie point afin de nous éloigner de ce qui nous purifie. S’il nous laisse dans la dissolution, il n’a plus à nous purifier, mais bien à nous rejeter. De quoi donc le juif est-il délié, lui qui ne peut se purifier? de la foi. C’est la foi qui nous donne la vie6 ; et c’est de la foi qu’il est dit : « Par la foi Dieu purifie leurs coeurs7». Et comme c’est la foi au Christ qui seule nous purifie, en ne croyant point au Christ, ils se sont déliés, mis en dehors de tout ce qui purifie. « Vous l’avez délié de tout ce qui purifie, vous avez jeté son trône à terre »; et c’est justement que vous l’avez brisé. « Vous avez abrégé les jours de son trône » , car ils croyaient devoir régner dans l’éternité. « Vous l’avez couvert de confusion ». Or, tout cela est arrivé aux Juifs, non parce que le Christ leur était refusé, mais simplement différé.