• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME XCVIII.

9.

« Prosternez-vous devant l’escabeau de « ses pieds, car il est saint1 ». Que devons-nous adorer? « L’escabeau de ses pieds ». On appelle escabeau ce que l’on met sous les pieds. Les Grecs l’appellent upopodion, les Latins scabellum, d’autres l’ont appelé suppedaneum. Voyez, mes frères, ce que le Psalmiste nous ordonne ici d’adorer. Dans un autre endroit de l’Ecriture il est dit : « Le ciel est mon trône, et la terre l’escabeau de mes pieds2». Est-ce donc la terre qu’il nous faut adorer, puisqu’il dit ailleurs que c’est l’escabeau de ses pieds? Comment adorer la terre, quand l’Ecriture nous dit clairement: « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu3? » Cependant l’Ecriture nous dit : « Adorez l’escabeau de ses pieds » ; et comme pour nous expliquer ce qu’elle entend par cet escabeau, elle dit ailleurs : «La terre est l’escabeau de ses pieds». Me voilà dans l’embarras : je crains d’adorer la terre, de peur d’être condamné par celui qui a créé le ciel et la terre ; et je crains encore de n’adorer point l’escabeau des pieds de mon Dieu, quand le Psalmiste me dit: « Adorez l’escabeau de ses pieds ». Je cherche quel est cet escabeau, et l’Ecriture me répond: « La terre est l’escabeau de ses pieds». Dans mon anxiété, je me tourne vers le Christ, car c’est lui que je cherche ici, et je trouve comment l’on peut sans impiété adorer la terre, sans impiété adorer l’escabeau de ses pieds. Car c’est de la terre qu’il a reçu une terre, puisque la chair est une terre, et qu’il a pris sa chair de la chair de Marie. Et parce qu’il s’est montré sur la terre avec cette chair, que pour notre salut il nous a donné cette chair à manger, nul ne mange cette chair sans l’adorer d’abord. Et voilà que nous avons trouvé comment nous pouvons adorer cet escabeau de ses pieds, en sorte qu’on peut l’adorer sans pécher, et que ne point l’adorer au contraire, ce serait pécher. Mais est-ce la chair qui nous donne la vie? Jésus-Christ lui-même, en nous signalant cette terre qu’il portait, nous dit: «C’est l’Esprit qui vivifie,la chair ne sert de rien4» .C’est pour cela qu’en t’inclinant devant une terre quelconque, en l’adorant, tu ne fais aucune attention à la terre, mais à ce saint, dont la terre que tu adores est le marchepied, car c’est à cause de lui que tu l’adores : aussi le Prophète a-t-il ajouté : « Adorez l’escabeau de ses pieds, parce que lui est saint ». Qui est saint? Celui en l’honneur de qui tu adores l’escabeau de ses pieds. Et quand tu l’adores, que ta pensée ne demeure point dans la chair, de peur que tu ne sois privé de la vie de l’Esprit : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien », dit le Sauveur. Quand le Seigneur faisait cette recommandation, il avait parlé de sa chair, et il avait dit : « Si vous ne mangez ma chair, vous n’aurez pas la vie en vous5».Quelques disciples, au nombre de septante environ, en furent scandalisés, et s’écrièrent : « Cette parole est dure, et qui e pourrait l’entendre? » Ils se séparèrent et ne le suivirent plus6. Cette parole leur paraissait dure : « Si vous ne mangez ma chair, vous n’aurez pas la vie éternelle ». Ils l’entendirent d’une manière stupide; leur pensée était charnelle : ils crurent que le Seigneur allait couper quelques morceaux de sa chair et les leur présenter, et ils s’écrièrent : « Cette parole est dure ». C’étaient eux qui étaient durs, et non la parole. S’ils eussent été humbles, et non pas durs, ils se seraient dit : Ce n’est pas sans raison que le Seigneur parle ainsi, il y a là quelque mystère caché. Dans leur soumission ils seraient demeurés avec Jésus-Christ, et ne seraient point partis avec dureté; alors ils eussent appris de lui ce que les autres apprirent après leur départ. Car les douze qui demeurèrent après le départ des autres, affligés de leur mort spi rituelle, avertirent le Sauveur du scandale des autres et de leur départ. C’est alors qu’il leur dit pour leur instruction : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien; les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie ». Donnez à mes paroles un sens spirituel : ce n’est point ce corps tel que vous le voyez que vous devez manger, ni boire mon sang tel que le répandront ceux qui doivent me crucifier. C’est un mystère que je vous ai prêché, et si vous l’entendez d’une manière spirituelle, il vous donnera la vie. S’il faut le célébrer d’une manière visible, il faut néanmoins le concevoir d’une manière invisible. « Exaltez le Seigneur notre Dieu, et adorez l’escabeau ide ses pieds, car lui est saint ».


  1. Ps. XCVIII, 5. ↩

  2. Isa. LXVI, 1. ↩

  3. Deut. VI, 13; Matth. IV, 10. ↩

  4. Jean, VI, 64.  ↩

  5. Id. 54.  ↩

  6. Id, 61-67. ↩

pattern
  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Traductions de cette œuvre
Discours sur les Psaumes

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité