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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME C.

3.

Donc, mes frères, tant que nous sommes dans le temps de la miséricorde, ne nous flattons point, ne nous négligeons point, ne disons point que Dieu pardonne toujours. J’ai péché hier, Dieu m’a pardonné; je pèche aujourd’hui, Dieu pardonne encore; donc je pécherai encore demain, puisque Dieu veut bien pardonner. Tu ne vois que la miséricorde, et tu ne crains pas le jugement. Si tu veux chanter la miséricorde et le jugement, comprends bien que s’il te pardonne, c’est afin que tu te corriges, et non afin que tu demeures dans ton péché. Ne te grossis pas un trésor de colère pour le jour de la colère et de la juste révélation du jugement de Dieu1. En ce qui regarde le temps de la miséricorde, il est dit dans un autre psaume: « Dieu a dit au pécheur: Pourquoi parler de ma justice, et mettre dans ta bouche mon alliance? Tu hais l’ordre, et tu as rejeté ma parole bien loin derrière toi: si tu voyais un voleur, tu courrais à lui, tu partagerais l’héritage des adultères ; tu t’asseyais pour parler contre ton frère, tu mettais le scandale devant le fils de ta mère. Voilà ce que tu as fait, et je me suis tu2». Voilà le temps de la miséricorde. Qu’est-ce à dire, «je me suis tu? » Est-ce à dire que je n’ai point réprimandé? Non, mais je n’ai point jugé. De quel silence accuser celui qui parle chaque jour, dans les saintes Ecritures, dans les Evangiles, Dans ses prédicateurs? C’est le supplice, et non la parole, qui a été en demeure. « Voilà ce que tu as fait, et je me suis tu ». Et parce que Dieu s’est tu ou n’a point tiré vengeance, qu’a dit le pécheur dans le secret de son âme? Ecoute : « Tu m’as soupçonné d’iniquité », dit le Seigneur, « de ressemblance avec toi ». C’est-à-dire, c’est peu pour toi d’être ainsi, tu m’as cru semblable. Après avoir montré le temps de la miséricorde, le Seigneur nous effraie au sujet du jugement. « Je te convaincrai»,dit-il au même endroit, « je te mettrai en face de toi-même3 ».Tu te places par derrière, mais je te placerai en face de toi-même. Quiconque, en effet, ne veut point voir ses fautes, se place derrière lui-même, relève exactement celles des autres, non par une sainte vigilance, mais par envie: sans vouloir guérir, il veut accuser, et s’oublie lui-même. C’est à ces hommes que le Seigneur a dit: « Tu vois la paille dans l’oeil de ton frère, et non la poutre qui est dans ton oeil4 ». Puis donc que le Prophète chante pour nous la miséricorde et la justice, faisons la justice, et nous attendrons le jugement dans la sécurité : soyons dans son corps mystique, afin de les chanter aussi. Car c’est le chant du Christ : mais si le chef le chantait seul, ce serait le cantique du Seigneur, et non le nôtre. Or, si c’est tout le Christ qui le chante, c’est-à-dire la tête et les membres, attache-toi à lui par la foi, par l’espérance et par la charité, et tu chanteras en lui, tu tressailliras en lui; comme lui-même souffre en toi, endure en toi la faim, la soif, la tribulation. Il meurt en toi encore aujourd’hui, et toi tu es déjà ressuscité en lui. S’il ne mourait en toi, il ne demanderait pas de répit à celui qui te persécute, et ne dirait point: « Saul, Saul, pourquoi me persécuter5?» Donc, mes frères, c’est le Christ qui chante, mais en la manière que vous connaissez: car nous vous avons souvent parlé du Christ, et je sais qu’il n’y a point en vous d’ignorance. Notre-Seigneur Jésus-Christ est le Verbe de Dieu par qui tout a été fait. C’est ce Verbe qui s’est fait chair pour nous racheter, et qui a habité parmi nous6 : il s’est fait homme, lui qui était Dieu par-dessus tout, Fils de Dieu égal à son Père; il s’est fait homme, afin d’être Dieu, médiateur entre Dieu et les hommes, afin de réconcilier ceux qui étaient éloignés, de réunir ceux qui étaient séparés, de rappeler ceux qui étaient étrangers, de ramener. les bannis; voilà pourquoi il s’est fait homme. Il est donc devenu la tête de l’Eglise, ayant un corps et des membres. Parce que ses membres gémissent sur la terre dans l’univers entier, au dernier jour ils seront dans la joie, quand ils recevront. cette couronne de justice dont saint Paul a dit, que « le Seigneur, dans la justice de son jugement, doit nous la rendre alors7 ». Et maintenant unissons-nous en un même corps et chantons en espérance. Car après avoir revêtu le Christ, nous ne sommes qu’un même Christ avec notre chef, puisque nous sommes assurément de la race d’Abraham. C’est le langage de l’Apôtre. Et si j’ai dit que nous sommes le Christ, l’Apôtre a dit : « Vous êtes donc la race d’Abraham, les héritiers selon la promesse ». Vous êtes de la race d’Abraham : or, voyons si le Christ est la race d’Abraham : « En ta race les nations seront bénies. Il ne dit pas : Dans tes descendants, comme s’ils étaient plusieurs; mais bien comme d’un seul: Et en celui qui naîtra de toi, et. qui est le Christ8 ». A nous aussi il est dit: « Donc vous êtes la race d’Abraham ». Il est donc évident que nous appartenons au Christ, et que nous sommes ses membres, sou corps ne formant avec notre chef qu’un seul homme. Ainsi répétons, nous aussi : « Seigneur, je chanterai votre miséricorde et votre justice ».


  1. Rom. II, 5. ↩

  2. Ps. XLIX, 16-21. ↩

  3. Ps. XLIX, 21. ↩

  4. Matth. VII, 3. ↩

  5. Act. IX, 4. ↩

  6. Jean, 1, 3, 14. ↩

  7. II Tim. IV, 8.  ↩

  8. Gal, III, 8,16, 29 ; Gen. XII, 3.  ↩

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