7.
Mais à ces montagnes et à ces pierres d’où vient la voix? Pour avoir la rosée des saintes Ecritures, nous avons recours à l’apôtre saint Paul. Mais à lui d’où vient cette rosée? Nous recourons à Isaïe. Mais où Isaïe va-t-il la puiser ? Ecoute : « De ses hauteurs Dieu arrose les montagnes1». Qu’un homme, un païen, un incirconcis vienne à nous, pour embrasser la foi du Christ, nous lui donnons le baptême, sans le ramener aux oeuvres de la loi. Qu’un juif nous demande pourquoi nous en agissons de la sorte, nous faisons retentir la pierre, et nous disons : Voilà ce qu’a fait Pierre, ce qu’a fait Paul, nous faisons retentir nos voix du milieu des pierres. Mais cette pierre, ou plutôt Pierre, la grande montagne, quand il priait et avait sa vision, recevait la rosée d’en haut. L’apôtre saint Paul dit aux Gentils: « Si vous recevez la circoncision, le Christ ne vous servira de rien2 ». Ainsi dit Paul, cette montagne élevée : voilà ce que nous disons après lui, et parlant du milieu de la pierre. Que Dieu arrose d’en haut cette pierre. Car elle était encore dans la rudesse de l’infidélité, lorsque le Seigneur, pour l’arroser de ses hauteurs, afin qu’il en coulât des eaux dans les vallées, lui cria : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu3? » Il ne lui lit point un Prophète, il ne lui cite point un Apôtre, une montagne aussi élevée eût dédaigné tout cela; Dieu donc l’arrosa de ses hauteurs, et aussitôt qu’il fut arrosé, il voulut couler : « Seigneur » ,dit-il, « que faut-il que je fasse4 ? » Prenez cette montagne, prenez cette pierre, d’où vous pouvez faire éclater votre voix, prenez-la, et voyez comme elle est arrosée d’en haut, comme l’eau en jaillit dans les parties basses. Vois ces deux vérités dans un même passage : « Que nous soyons hors de nous-mêmes, c’est pour Dieu ; que nous soyons calmes, c’est pour vous5 ». Ce qu’il dit ici: « Nous sommes ravis en esprit », c’est là que vous ne pouvez atteindre. Nous nous élevons bien au-dessus de tout ce qui est charnel, tandis que vous êtes charnels encore. C’est donc pour Dieu que nous sommes ravis en esprit, et ce que nous voyons dans ces ravissements, nous ne pouvons le redire. « C’est là que nous avons entendu de ces ineffables paroles, qu’un homme ne peut répéter6». Quoi donc, diront ces hommes charnels, ces lièvres, ne serons-nous donc point arrosés, nous aussi ? rien ne nous arrivera-t-il ? Comment alors Dieu fait-il jaillir ses fontaines dans les vallées ? Comment ces eaux passeront-elles au milieu des montagnes ? C’est à quoi répond saint Paul: « Soit que nous soyons calmes, c’est pour vous7 ». Pourquoi? Qui voulons-nous imiter en cela ? « C’est la charité de Jésus-Christ qui nous presse », dit l’Apôtre. O toi, qui es participant du Verbe, toi spirituel aujourd’hui, hier encore charnel, dédaignerais-tu de te rabaisser jusqu’au niveau des hommes charnels, quand le Christ s’est fait chair pour habiter parmi nous8?