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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUM CIII.
QUATRIEME DISCOURS SUR LE PSAUME CIII.

2.

Il vous souvient sans doute, mes frères, et c’est un doux souvenir pour vous, que toutes les fibres de notre coeur ont chanté avec le psaume: « Combien vos oeuvres sont admirables, ô mon Dieu! Vous avez tout fait dans votre sagesse; la terre est remplie de vos créatures1 ». Tout ce que Dieu a fait, est fait avec sagesse, fait dans la sagesse. Tout ce qui connaît la sagesse, et tout ce qui ne la connaît point, et qui est néanmoins créé par Dieu, est tait dans la sagesse, fait par la sagesse. Connaître la sagesse, c’est avoir la sagesse pour flambeau; ne pas la connaître, c’est avoir la sagesse pour créatrice, et demeurer dans la folie: et avoir la sagesse pour lumière, c’est l’avoir encore pour créatrice, mais elle peut être notre créatrice, et non pas notre lumière. Il en est beaucoup parmi les hommes qui ont part à la sagesse, et que l’on nomme sages, comme il en est beaucoup qui l’ignorent, qu’on appelle insensés. Ce nom de fous est une marque de mépris, parce que s’ils étudiaient la sagesse, s’ils la demandaient, s’ils la cherchaient, s’ils frappaient à la porte, ils pourraient avoir part à ses lumières, qui se dérobent à la négligence, et non à la nature. Il est d’autres créatures que la sagesse ne saurait éclairer, telles que les bêtes et les animaux, les arbres, qui n’ont pas même le sentiment. Mais pour être privées des lumières de la sagesse, en sont-elles moins créées dans la sagesse, et par la sagesse? Dieu donc n’attend aucune intelligence du cheval et du mulet mais il dit aux hommes: « Ne soyez point comme le cheval et le mulet, qui n’ont point d’intelligence2». Ce qui est naturel dans le cheval devient criminel dans l’homme. Voici donc ce que dit le Seigneur : Je n’exige point la lumière de ma sagesse dans les créatures que je n’ai point faites à mon image; mais je l’exige dans celles que j’ai faites ainsi, et leur demande l’usage des dons que j’ai départis. Donc en rendant à Dieu ce qui est de Dieu, et à César ce qui est de César3; c’est-à-dire en reportant à César sa monnaie, et à Dieu ce qui est à Dieu, les hommes élèvent leur esprit, non point jusqu’à eux-mêmes, mais jusqu’à Dieu leur créateur, jusqu’à cette lumière d’où ils viennent, jusqu’à ce foyer spirituel qui les embrase , loin duquel ils sont glacés, loin duquel encore ils ne sont que ténèbres, où ils retrouvent la lumière dès qu’ils s’en approchent; et comme ils ont dit pieusement : « C’est vous, Seigneur, qui faites luire mon flambeau, vous dissiperez mes ténèbres, ô mon Dieu4 » ; les ténèbres de leur folie terrestre se dissipent, et voilà qu’ils ouvrent la bouche, qu’ils respirent, et qu’ils élèvent avec confiance les yeux du coeur, que la pensée leur découvre le monde entier, la terre, la mer et le ciel, qu’ils voient dans toutes ces créatures une admirable disposition, un cours parfaitement régulier, chaque créature distincte dans son genre, se reproduire par ses germes , renaître successivement, durer un temps marqué, et alors ils admirent dans ses oeuvres le divin ouvrier, de manière que l’artiste divin les voit eux-mêmes avec complaisance au milieu de ses oeuvres. Alors sous le poids de leur joie, de cette joie incomparable, ils s’écrient: «Que vos oeuvres sont admirables, ô mon Dieu! Vous avez fait tout avec sagesse ». Où est cette sagesse dans laquelle vous avez tout fait? Par quel sens l’atteindre? par quel oeil la découvrir? Avec quel empressement la chercher ?

Par quel mérite la posséder? Quel autre croyez-vous, sinon la grâce? Celui qui nous a fait don de l’existence, nous a aussi fait don de la bonté. Il donne aux uns de se convertir, car avant leur conversion, quand ils marchaient encore dans les chemins de l’erreur, ne les a-t-il point cherché? N’est-il point descendu? Le Verbe ne s’est-il pas fait chair, afin d’habiter parmi nous5? N’a-t-il pas allumé la lampe de sa chair, lorsqu’il était à la croix, pour chercher la dragme perdue6? Il l’a cherchée, et l’a retrouvée au milieu des applaudissements de ses voisins, c’est-à-dire de toute créature spirituelle qui s’approche de Dieu. La dragme a été retrouvée aux applaudissements des voisins, et l’âme humaine rachetée aux applaudissements des anges. Qu’elle tressaille donc, cette âme retrouvée, et qu’elle dise : « Combien vos oeuvres sont admirables, ô mon Dieu! vous avez tout fait dans votre sagesse ».


  1. Ps. CIII, 24. ↩

  2. Ps. XXXI, 9.  ↩

  3. Matth. XXII, 21.  ↩

  4. Ps.XVII, 29. ↩

  5. Jean, I, 14.  ↩

  6. Luc, XV, 8.  ↩

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