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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME CIV.

7.

Il me semble donc que l’on ne doit pas appliquer ces paroles du Prophète à l’Ancien Testament qui devait remplacer le Nouveau ; puisqu’un autre Prophète nous dit : « Voici que viennent des jours, dit le Seigneur, et j’affermirai avec Jacob une alliance nouvelle, mais peu semblable à celle que j’ai établie avec leurs pères, quand je les ai tirés de l’Egypte1»; c’est l’alliance de la foi, que relève saint Paul, quand il nous recommande Abraham pour modèle, et condamne ceux qui se glorifiaient des oeuvres de la loi, par l’exemple de ce patriarche qui crut à Dieu avant la circoncision, et à qui sa foi fut imputée à justice2. Enfin après avoir dit que Dieu « s’est souvenu de son Testament dans la suite des siècles », ce qu’il faut entendre de l’éternité, car c’est là le Testament de la justification, et de l’héritage éternel, que Dieu promit à la foi : « De cette parole qu’il enjoignit pour mille générations ». Qu’est-ce à dire qu’ « il enjoignit ? » Dire : « Je te donnerai la terre de Chanaan », ce n’est point là une injonction, mais une promesse. Une injonction nous dit ce qu’il faut faire, une promesse ce qu’il faut recevoir. La foi est donc un précepte, en sorte que le juste vit de la foi3, et qu’à cette foi Dieu promet un héritage éternel. Ces « mille générations», sont un nombre parfait qui les désigne toutes, c’est-à-dire qu’il nous est enjoint de vivre selon la foi, tant qu’une génération succède à une génération. Tel est le commandement que pratique le peuple de Dieu, ou ces fils de la promesse, qui arrivent pal- la naissance, qui s’en vont par la mort, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de génération ; voilà ce que signifie le nombre mille, car le nombre dix, élevé au carré, est dix fois dix, et en le multipliant par dix, nous arrivons à mille. « Il en disposa en faveur d’Abraham, il en fit le e serment à Isaac, il le confirma à Jacob », c’est-à-dire à Jacob lui-même, « comme une loi ». Tels sont les trois patriarches dont le Seigneur s’appelle le Dieu d’une manière spéciale, et qu’il désigne dans le Nouveau Testament, quand il dit : « Beaucoup viendront d’Orient et d’Occident, et reposeront avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux4». Voilà l’héritage éternel. Car en disant ici qu’ « il l’affermit en précepte pour Jacob », le Prophète montre bien que la foi est un précepte, puisqu’une promesse ne prendrait pas le nom de précepte.

Le précepte renferme une oeuvre, la promesse une récompense. « L’oeuvre de Dieu», dit le Seigneur, « c’est que vous croyiez en celui qui m’a envoyé5». Telle est la parole dont il a fait un précepte: « Il s’est souvenu de son alliance dans le cours des siècles »; parole de foi que nous prêchons6: « Dieu l’a e établie comme un précepte en Jacob lui-même, et à lui, Israël, comme un testament éternel », c’est-à-dire qu’il donnera une récompense éternelle à l’accomplissement de cette parole, de ce précepte. « En disant: Je te donnerai la terre de Chanaan, comme le cordeau de ton héritage ». Comment cela serait-il éternel, si cette terre ne nous marquait rien d’éternel? Elle est appelée terre promise, terre où coulent et le lait et le miel7, ce qui nous marque la gloire de Dieu, grâce qui nous fait goûter combien le Seigneur est doux8, et qui n’est point le partage de tous les hommes. Car la foi n’est point commune à tous Aussi le Prophète a-t-il ajouté: « C’est le cordeau de votre héritage9 ». De là cette parole que profère, dans un autre psaume, le Christ ou la race d’Abraham: « Le cordeau a mesuré ma part dans un lieu ravissant, et la portion de mon héritage est illustre à mes yeux10 ». Pourquoi dès lors l’appeler terre de Chanaan? c’est ce que nous indique la signification de ce nom; Chanaan signifie en effet humble. Si on l’entend au point de vue de Noé qui prédit que Chanaan sera le serviteur de ses frères11, nous y retrouvons la crainte servile : « Or, le serviteur ne demeure pas éternellement dans la maison, mais le fils y demeure éternellement12». On chasse donc Chanaan, pour donner la terre des promesses aux enfants d’Abraham; car la charité parfaite bannit toute crainte13, en sorte que le fils demeure en la maison éternellement. De là vient qu’il est dit: « Et à Israël lui-même, pour une alliance éternelle ».


  1. Jérém. XXXI, 31, 32. ↩

  2. Gal, III, 5, 6. ↩

  3. Rom. I, 17. ↩

  4. Matth. VIII, 11. ↩

  5. Jean, VI, 29. ↩

  6. Rom. X, 8. ↩

  7. Exod. III, 8,17, ↩

  8. Ps. XXXIII, 8. ↩

  9. II Thess. III, 2. ↩

  10. Ps. XV, 6.  ↩

  11. Gen. IX, 25. ↩

  12. Jean, VIII, 35.  ↩

  13. I Jean, IV, 18.  ↩

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