5.
Quand l’homme en est là, quand il sait déjà ce qu’il doit observer dans sa conduite, parfois il compte beaucoup sur lui-même, et, présumant de ses forces, il se prend à vouloir combattre ses péchés, et son orgueil entraîne sa défaite. Il se trouve donc lié par les chaînes de ses passions, qui entravent sa marche et l’arrêtent dans la voie: il se sent resserré par ses propres vices; l’impossibilité le retient comme une muraille dont toute issue est close, et d’où il ne peut s’échapper pour vivre saintement. Il sait comment il doit vivre : car il était naguère dans l’erreur ayant faim de la vérité : le pain de la vérité il l’a reçu, et il a été placé sur la voie; il entend: Vis bien à l’avenir, comme tu le fais, car auparavant tu ne connaissais pas la vie sainte; agis maintenant que lu l’as apprise. Il essaie, mais vains efforts ! Il se sent garrotté, et pousse des cris vers le Seigneur. La seconde épreuve lui vient donc de la difficulté de faire le bien, comme la première est celle de l’erreur et de la faim. Ici encore l’âme pousse des cris vers le Seigneur, et le Seigneur la délivre de ses entraves; il brise les liens qui la retiennent, il la met en état de faire le bien. Ce qui lui était difficile auparavant, lui devient facile: s’abstenir du mal, éviter l’adultère, ne commettre ni vol, ni homicide, ni sacrilège, ne désirer plus le bien d’autrui, toutes choses autrefois difficiles, sont faciles aujourd’hui. Dieu pouvait nous faire arriver là sans peine, mais si nous y étions arrivés sans peine, nous n’aurions point de reconnaissance pour l’auteur d’un si grand don. Si l’homme se trouvait en cet état dès son premier désir, s’il ne sentait la révolte des passions, si l’âme n’était brisée sous le poids de ses chaînes; il en viendrait à n’attribuer qu’à ses propres forces le bien dont il se croirait capable, et ne confesserait point devant le Seigneur ses miséricordes.