2.
Mais que dit ensuite le Prophète? « Mon zèle m’a consumé1 » ; ou, comme on lit en d’autres exemplaires, « votre zèle ». Ailleurs on lit : « Le zèle de votre maison m’a dévoré2 », et non « m’a desséché» ,ce qui est cité dans l’Evangile, comme on le sait3. Toutefois, votre zèle m’a desséché, ressemble assez à: votre zèle m’a dévoré. Et cette version, « mon zèle », qu’on lit en plusieurs exemplaires, ne soulève aucune difficulté ; y a-t-il en effet rien d’étonnant qu’un homme soit desséché par zèle? Mais cette autre version:
« Votre zèle », nous indiquerait un homme qui a du zèle pour Dieu et non pour lui-même. Cependant rien n’empêche de dire, « mon zèle ». L’Apôtre ne dit-il pas en effet: « Je vous aime de jalousie en Dieu, de tout le zèle de Dieu4? » Dire : Je vous aime de jalousie, qu’est-ce que cela, sinon montrer son propre zèle? Mais quand il dit « en Dieu», il montre qu’il n’aime point pour lui, mais pour Dieu; de là cette parole : « Du zèle de Dieu ». C’est Dieu qui, par son Esprit, forme cette émulation dans le coeur des fidèles, émulation d’amour et non d’envie. Quelle sollicitude, en effet, mett0it dans la bouche de l’Apôtre cette parole? « Je vous ai fiancés », nous répond-il, « à cet unique époux, Jésus-Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge pure. Mais je crains que comme Eve fut séduite par les artifices du serpent, vos esprits ne se corrompent, et ne dégénèrent de la simplicité, qui est selon Jésus-Christ5 ». Il était dévoré du zèle de la maison de Dieu, non pour lui, mais pour le Christ. Car si l’époux aime l’épouse d’un amour de jalousie, l’ami de l’époux doit aimer cette épouse non pour lui-même, mais pour l’époux. On doit donc prendre en bonne part le zèle du Psalmiste; et il nous en indique la cause en disant: « Parce que mes ennemis ont oublié vos paroles ». Ils lui rendaient donc le mal pour le bien, puisqu’il les aimait en Dieu d’un zèle si saint et si violent, que ce zèle, selon son aveu, l’avait desséché; tandis que pour ce motif ils le poursuivaient de leurs inimitiés, car le zèle dont il les aimait le poussait à leur faire aimer Dieu. Dans sa reconnaissance pour cette grâce divine qui d’ennemi qu’il était, l’avait réconcilié avec Dieu, il aimait ses ennemis, et se sentait une sainte jalousie de les gagner à Dieu; il s’affligeait, il séchait de dépit de leur voir oublier ses paroles.