2.
C’est une allégorie du Christ, et nous le voyons clairement dans ces paroles : « Il est sorti comme l’époux de son lit nuptial (Id. 16 ) ». Quel est cet époux, sinon celui à qui l’Apôtre a fiancé une vierge? et dans ses chastes sollicitudes, ce fidèle ami de l’époux craint que, comme Bye fut séduite par les artifices du serpent, les sens de cette virginale épouse du Christ ne se corrompent et ne dégénèrent de la chasteté qui est dans le Christ (II Cor. XI, 3 ). C’est donc en ce même Jésus-Christ notre Seigneur et Sauveur que Dieu a mis ces trésors, cette plénitude de la grâce dont l’Apôtre saint Jean nous a dit: « Nous avons vu sa gloire, comme la gloire que reçoit de son Père le Fils unique, plein de grâce et de vérité (Jean, I, 14 ). C’est cette gloire que racontent les cieux ». Car les cieux, ce sont les saints, élevés au-dessus de la terre, et qui portent le Seigneur; et toutefois le ciel a raconté la gloire du Christ, à sa manière. Quand l’a-t-il racontée? Quand, à la naissance de ce même Sauveur, il fit paraître une étoile nouvelle, et jusqu’alors inconnue. Il est néanmoins d’autres cieux plus véritables et plus sublimes, dont il est dit dans un verset suivant : « Il n’est point d’idiome, point de langage, dans lequel on n’entende leurs voix. Ce bruit s’est fait entendre par toute la terre, et leurs paroles ont retenti jusqu’aux extrémités du monde (Ps. XVIII, 4 )». De qui ces paroles, sinon des cieux? et de quels cieux, sinon des Apôtres? Ce sont eux qui redisent à la louange de Dieu, cette grâce que Dieu a mise en Jésus-Christ pour la rémission des péchés. « Car tous ont péché et ont besoin de la gloire de Dieu; ils sont justifiés gratuitement par le sang de Jésus-Christ (Rom. III, 23 ) ». Comme c’est gratuitement, c’est donc une grâce, car il n’y a point de grâce qui ne soit gratuite. Nous n’avions fait aucune bonne oeuvre qui nous méritât ces dons de Dieu, et même ce n’eût pas été gratuitement qu’il nous eût infligé un supplice ; de là vient que ses bienfaits pour nous sont gratuits. Dans notre vie passée, nous n’avions mérité rien autre chose qu’un juste châtiment. Dieu donc, non plus à cause de notre justice, mais par un effet de sa miséricorde, nous a sauvés par le bain de la régénération (Tit. III, 5 ). C’est là, dis-je, la gloire de Dieu que racontent les cieux; car tu n’as rien fait de bon, et néanmoins tu as reçu ces biens immenses. Si donc tu as une part à cette grâce que les cieux ont chantée, tu dois dire au Seigneur ton Dieu: « Il est mon Dieu, puisqu’il me prévient par sa miséricorde (Tit. III, 5 ) ». C’est lui en effet qui t’a prévenu, et tellement prévenu, qu’il n’a rien trouvé de bon en toi. Tu avais prévenu ses châtiments par ton orgueil, et il a prévenu ton supplice en effaçant tes péchés. En toi donc, le pécheur est devenu juste, l’impie est sanctifié, le damné recouvre ses droits au ciel; aussi dois-tu dire à Dieu: « Ce n’est point à nous, Seigneur, non ce n’est point à nous, mais à votre nom, qu’il faut en attribuer la gloire (Ps. CXIII, 9) ». Disons bien
« Non pas à nous », à qui la donnerait-il, s’il nous considérait? Encore une fois, disons: « Non pas à nous, Seigneur». S’il nous traitait selon nos mérites, il ne trouverait pour nous que des peines. « Que son nom donc soit glorifié, et non point nous, parce qu’il ne nous a point traités selon nos fautes (Id. CII, 10 ).» Ne nous la donnez donc point, Seigneur, ne nous la donnez point. Cette répétition fortifie la pensée. « Ce n’est point à nous, Seigneur, mais à votre nom, qu’il faut donner la gloire ». C’est ce que comprenaient ces cieux qui ont chanté la gloire de Dieu.