11.
Quoi donc? pour ne rien dire de plus, mes frères, pour ne pas entrer plus avant dans ces doctrines impies et criminelles voyez dans ce commencement même sur quel terrain ils se placent pour combattre. Voyez comme ils sont terrassés, et en disant que la race ténébreuse s’est heurtée contre Dieu, eux-mêmes sont pris dans le choc de leurs paroles. Car ils n’ont aucun moyen de répliquer ou d’échapper. Mais, ô détestable, ô faux élu, tu veux défendre ton péché, afin de ne point paraître coupable, même après avoir commis quelque faute ; tu cherches à qui renvoyer ta faute, et tu la rejettes sur la race ténébreuse. Vois néanmoins si ce n’est point sur Dieu que tu la fais retomber. Car, cette nation ténébreuse que vous supposez, te dirait, si elle en avait le pouvoir, pourquoi m’accuser? Ai-je pu, ou non, quelque chose contre Dieu? Si, oui, je suis plus forte que lui; si, non, pourquoi me craint-il? S’il ne me craint point, pourquoi t’envoyer ici pour te faire tant souffrir, toi un de ses membres, toi sa substance? S’il n’a rien craint, il est donc envieux; et s’il n’a point la crainte, c’est la cruauté qui l’a fait agir. Quelle injustice pour lui à qui l’on ne pouvait nuire, et qui permet que l’on nuise tant à ses membres! Ou bien pouvait-on lui nuire? il n’était donc pas incorruptible. Et dès lors que tu veux défendre ton péché, tu ne saurais louer Dieu. La louange de Dieu ne deviendrait point ta perte, si tu ne t’élevais de la tienne. Commence donc par t’accuser, et alors tu loueras Dieu. Reprends les paroles des psaumes si en horreur chez vous, et dis : « Pour moi, j’ai dit : Seigneur, ayez pitié de moi, guérissez ri mon âme, parce que j’ai péché contre vous». J’ai dit : C’est moi qui ai péché, ce n’est ni la fortune, ni le destin, ni la gent ténébreuse. Si donc c’est toi qui as péché, vois comment s’élargit cette louange de Dieu, où tu étais à l’étroit quand tu voulais défendre ton péché. Il est mieux d’être à l’étroit dans tes péchés, et au large dans la louange de Dieu. Vois comme la confession de ta faute relève sa gloire; car il est juste quand il châtie ton obstination, et miséricordieux quand il te délivre en vertu de ton aveu. « N’inclinez donc point mon coeur vers les paroles de malice, pour chercher des excuses à mes péchés », que je n’accuse plus la race ténébreuse d’avoir fait ce que j’ai fait moi-même.