• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME CXLII.

3.

J’appelle aussi votre attention sur ce point, mes frères, non pour vous apprendre ce que vous ignorez, mais pour vous rappeler ce que vous savez déjà, c’est que notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ est la tête de son corps c’est que l’unique médiateur de Dieu et des hommes, c’est Jésus-Christ homme1, né de h Vierge, comme dans une solitude, ainsi qm nous l’apprenons de l’Apocalypse. Et par cette solitude, nous devons entendre, je crois, que seul il est né de la sorte. Cette femme a enfanté celui qui doit conduire les hommes avec une verge de fer2 ; et cette femme est la cité de Dieu dont il est dit dans un psaume : « O cité de Dieu, on dit de vous des choses merveilleuses3»; cette cité qui eut son commencement en Abel, comme la cité du mal en Caïn4, l’antique cité de Dieu, toujours tourmentée sur la terre, espérant le ciel, et dont le nom est Jérusalem et Sion. C’est assurément d’un homme né en Sion, et fondateur de Sion, qu’un psaume nous a dit: « Un homme dira: Sion est ma mère ». Quel est cet homme? « Un homme qui a été fait en elle, et c’est le Très-haut qui l’a fondée5». C’est donc en Sion qu’il a été fait homme, mais homme humble, et lui-même qui est le Très-Haut a fondé cette cité en laquelle il a été fait homme. C’est pourquoi celte femme était revêtue du soleil6 , et du soleil de justice lui-même, que les impies ne connaissent point, eux qui diront au dernier jour: « Nous avons donc erré hors de la voie de la vérité, et la lumière de la justice n’a pas lui à nos yeux, le soleil ne s’est point levé pour nous7 ». Il est donc un soleil de justice qui ne se lève point pour les impies. Du reste, il fait lever ce soleil sur les bons et sur les méchants8 . Cette femme était donc revêtue du soleil, et portait dans ses entrailles un fou qu’elle devait enfanter. Le même était donc fondateur en Sion, et naissait en Sion; et cette femme, cité de Dieu, était protégée par la lumière de celui qu’elle portait dans ses entrailles. C’est avec raison dès lors quels lune était sous ses pieds, parce que dansa force elle foulait aux pieds la mortalité de cette chair qui croît et décroît. Donc notre Seigneur Jésus-Christ est tout à la fois la tête et le corps. Lui qui a voulu mourir pour nous a daigné parler en notre nom et faire du nous ses membres. Aussi parla-t-il quelque. fois au nom de ses membres, et quelquefois en son propre nom, comme chef. Il peut parler en dehors de nous, et nous jamais sans lui. L’Apôtre a dit : « Afin de suppléer en sa chair aux douleurs du Christ9 » . Ce qui manque, non pas à mes douleurs, mais aux douleurs du Christ, non plus en la chair du Christ, mais en la mienne. Le Christ, en effet, souffre non pas en sa chair, puisque c’est en elle qu’il est monté au ciel, mais en ma chair qui souffre encore sur la terre. C’est en ma chair que Jésus-Christ souffre : « Je vis, non pas moi, mais c’est le Christ qui vit en moi10». Et si le Christ ne souffrait point dans ses membres, c’est-à-dire dans les fidèles, Saul ne persécuterait point sur la terre le Christ qui est assis dans les cieux. Enfin, dans un endroit de ses Epîtres il nous dit clairement : « Et comme notre corps, qui est un, est néanmoins composé de plusieurs membres, et que tous ces membres, quoique nombreux, ne sont néanmoins qu’un seul corps; ainsi en est-il du Christ11 ». Il ne dit point: Ainsi en est-il du Christ et de son corps ; mais bien:

« Le corps est un avec plusieurs membres; de même en est-il du Christ ».Tout donc n’est qu’un seul Christ. Et comme tout ne forme qu’un seul Christ , la tête s’écriait du haut du ciel: « Saul, Saul, pourquoi me persécuter12? » Retenez bien cela, mes frères, et qu’il demeure dans votre mémoire, puisque vous êtes les enfants instruits de la doctrine et de la foi catholique. Reconnaissez dans Jésus-Christ ta tête et le corps, et dans ce même Christ le Verbe de Dieu, unique et égal au Père. Voyez de là par quelle admirable grâce vous touchez à Dieu, au point qu’il a voulu être un avec nous, lui qui est un avec son Père. Comment un avec son Père? « Mon Père et moi sommes un13 ». Comment un avec nous? « L’Ecriture ne dit point: Et ceux qui naîtront », comme pour en marquer plusieurs; mais elle dit, comme parlant d’un seul: « Celui qui naîtra de vous et qui est le Christ ». Mais, dira-t-on, si le Christ est de la race d’Abraham, en sommes-nous? Souvenez-vous que le Christ est la race d’Abraham, et que dès lors si nous sommes la race d’Abraham, nous sommes aussi le Christ. Or, « le corps dans son unité a néanmoins plusieurs membres, il en est de même du Christ. Et vous tous qui êtes baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ». Toutefois le Christ est la race d’Abraham, et l’on ne saurait contredire les paroles si claires de l’Apôtre: « Et dans ta race, qui est le Christ14 ». Voyez encore ce qu’il nous dit: « Si donc vous êtes au Christ, vous êtes de la race d’Abraham15». De là ce grand sacrement « Ils seront deux dans une même chair16 ». L’Apôtre l’a dit: « Ce sacrement est grand, je l’entends de Jésus-Christ et de l’Eglise17». Le Christ et l’Eglise sont deux dans une seule chair. Deux à cause de la distance qui nous sépare de la majesté divine, deux certainement; car nous ne sommes point le Verbe, puisque nous n’étions au commencement ni Dieu, ni en Dieu; nous ne sommes point celui par qui tout a été fait18. Mais au point de vue de la chair, on trouve le Christ, et l’on nous trouve avec lui. Ne nous étonnons donc plus du langage des psaumes; le Prophète parle souvent au nom du chef, et souvent au nom des membres, et il en parle comme s’ils n’étaient qu’une même personne; et il n’est pas étonnant que deux dans une même chair n’aient qu’une même voix.


  1. I Tim. II, 5. ↩

  2. Apoc. XII, 5, 6.  ↩

  3. Ps. LXXXVI, 3.  ↩

  4. Gen. IV, 8, 17.  ↩

  5. Ps. LXXXVI, 5  ↩

  6. Apoc. XII, I.  ↩

  7. Sag. V, 6. ↩

  8. Matth. V, 45  ↩

  9. Coloss. I, 21. ↩

  10. Gal, II, 20.  ↩

  11. I Cor. XII, 12.  ↩

  12. Act. IX, 4. ↩

  13. Jean, X, 30.  ↩

  14. Gal. III, 16. ↩

  15. Gal. III, 16, 27,29.  ↩

  16. Gen. II, 24.  ↩

  17. Ephés. V, 32.  ↩

  18. Jean, I, 1, 3. ↩

pattern
  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Traductions de cette œuvre
Discours sur les Psaumes

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité