4.
« Qu’Israël tressaille dans celui qui l’a fait1». Que veut dire Israël? Celui qui voit Dieu, c’est le sens que l’on donne à Israël. Que celui qui voit Dieu tressaille donc dans ce Dieu qui l’a fait. Pourquoi donc, mes frères, disons-nous que nous appartenons à l’Eglise des saints? est-ce que nous voyons Dieu dès cette vie? Et si nous ne le voyons pas, comment sommes-nous Israël? Il est une vue de Dieu propre à cette vie, et une autre vue pour la vie à venir. Ici-bas nous voyons par la foi ; dans la vie future nous verrons face à face. Croire c’est voir, aimer c’est voir. Que voyons-nous? Dieu. Où est Dieu? Interroge saint Jean: « Dieu est charités2 », nous dit-il. Bénissons dès lors son saint nom, et réjouissons-nous en Dieu, si nous nous réjouissons dans la charité. Qu’un homme ait la charité, et dès lors l’enverrons-nous bien loin pourvoir Dieu? Qu’il entre seulement dans sa conscience, et il y trouve Dieu. Mais si la charité n’est point dans son coeur, Dieu non plus n’y est pas, tandis qu’il y est si la charité s’y rencontre. Un homme voudrait peut-être voir Dieu assis dans le ciel; qu’il ait la charité et Dieu habitera en lui comme dans le ciel. Soyons donc Israël, et réjouissons-nous en celui qui nous a faits. « Qu’Israël tressaille en celui qui l’a fait ». Oui, qu’il se réjouisse dans celui qui l’a fait, et non point dans Anus, non point dans Donat, non point dans Cécilien, non point dans Proculien, non point dans Augustin. Qu’il tressaille dans celui qui l’a fait. Loin de nous, mes frères, de nous faire valoir auprès de vous; c’est Dieu que nous vous recommandons, parce que nous vous recommandons à Dieu. Comment faire valoir Dieu auprès de vous? En vous recommandant de l’aimer pour votre propre avantage, et non pour le sien; car ne point l’aimer serait nuisible pour vous et non pour lui. Dieu, en effet, n’en aura pas moins la divinité, quand l’homme n’aurait point pour lui la charité. C’est toi qui trouves ton avantage en Dieu, et non Dieu en toi; et néanmoins le premier3, et avant que nous l’eussions aimé, il nous a aimés jusqu’à envoyer son Fils unique à la mort pour nous4. Celui qui nous a faits a voulu être fait parmi nous. Comment nous a-t-il faits ? « Tout a été fait par lui, et sans lui rien n’a été fait5 ». Comment a-t-il été fait parmi nous? « Et le Verbe s’est fait chair, et a demeuré parmi nous6 ». C’est donc en lui que nous devons nous réjouir. Que nul ne s’arroge ce qui vient de Dieu seul; c’est de lui que nous vient la joie qui fait notre bonheur. « Qu’Israël se réjouisse en celui qui l’a fait ».