5.
« Pour vous, ô gloire d’Israël, vous habitez dans le sanctuaire (Ps. XXI, 4 ) ». Vous habitez en ceux que vous sanctifiez, et à qui vous faites comprendre que si vous repoussez des demandes, c’est pour le bien de ceux qui supplient, et que vous en exaucez d’autres pour leur propre perte. Ce fut pour l’avantage de saint Paul que Dieu rejeta sa prière, et pour la confusion de Satan qu’il accueillit la sienne. Il avait demandé de tenter Job, ce qui lui fut accordé (Job. I, 11 ). Les démons demandèrent d’entrer dans les pourceaux, et Jésus le leur permit (Matt. VIII, 31 ). Ainsi les démons sont exaucés, l’Apôtre ne l’est pas : mais ils sont exaucés pour leur confusion ; et dans l’intérêt de son salut, l’Apôtre ne le fut point. « Ce n’est point pour me convaincre de folie. Vous êtes la gloire d’Israël et vous habitez dans vos saints». Pourquoi n’exaucez-vous pas même ceux qui sont à vous? Mais pourquoi parler ainsi? Souvenez-vous de dire toujours: Grâces à Dieu, devant cette foule d’assistants, et plusieurs sont venus qui ne viennent point d’ordinaire. Je dis donc pour tous que l’affliction n’est pour le chrétien qu’une épreuve, s’il n’abandonne pas le Seigneur. Quand l’homme est heureux au dehors, le chrétien est dans un délaissement intérieur. Le feu est mis à la fournaise, et cette fournaise de l’orfèvre est le symbole d’un grand mystère. Il y a là de l’or, il y a de la paille, il y a du feu qui agit dans un lieu resserré. Le feu est le même, l’effet en est bien différent; il réduit la paille en cendre et ôte à l’or ses scories. Ceux en qui habite le Seigneur deviennent ainsi meilleurs par l’affliction, ils sont éprouvés comme l’or. Si donc le démon notre ennemi demande quelqu’un et qu’il l’obtienne de Dieu, alors, soit dans les maladies corporelles, soit dans la perte des biens, soit dans la mort de ses proches , que le chrétien maintienne son coeur entre les mains de celui qui ne l’abandonne et qui ne paraît fermer l’oreille à sa douleur que pour écouter ensuite sa prière avec miséricorde. L’artisan qui nous a faits sait ce qu’il doit faire, il sait aussi comment nous réconforter. C’est un habile architecte qui a construit l’édifice, il sait réparer ce qui a pu s’en écrouler.