12.
« Que la terre craigne le Seigneur; qu’ils tremblent devant lui, tous ceux qui habitent l’univers ». Qu’ils n’en craignent point un autre, au lieu de le craindre: «Que ce soit devant lui que tremblent tous ceux qui habitent la terre ». Une bête féroce te menace? Crains le Seigneur. Un serpent se glisse? Crains le Seigneur. Un homme te hait? Crains le Seigneur. Le démon te livre un assaut? Crains encore le Seigneur. Car celui que tu dois craindre est le maître de toute créature. «C’est lui qui a dit, et tout a été fait; il a commandé, et tout a été créé1 ».C’est là ce que nous dit ensuite le psalmiste. Après avoir dit : « Qu’ils tremblent devant lui, tous ceux qui habitent la terre », afin d’ôter à l’homme toute autre crainte que celle de Dieu, de peur que l’homme, ne craignant plus Dieu, n’en vînt à craindre les créatures, et ne nué-prisât l’ouvrier pour adorer l’oeuvre; le Prophète nous affermit dans la crainte de Dieu seul, et s’adressant à nous : Que pouvez-vous craindre, dit-il, dans le ciel, ou dans la terre, ou dans la mer? « Dieu a parlé, et tout a été fait; il a ordonné, et tout a été créé ». Or, celui dont la parole a tout fait, dont la volonté a tout créé, ordonne, et tout se met en mouvement; il ordonne encore, et tout demeure en repos. Un homme, dans sa malice, peut bien avoir un désir de nuire qui lui soit propre; mais il n’en a le pouvoir que si Dieu le lui donne. « Car il n’y a point de puissance qui ne soit de Dieu2 ». C’est une maxime décisive de l’Apôtre. Il n’a point dit qu’il n’y a point de désir qui ne soit de Dieu, car il y a certains désirs mauvais qui ne viennent point de Dieu; mais cette volonté perverse ne peut nuire à personne sans la permission du Seigneur, puisqu’il n’y a de puissance que celle qui vient de Dieu. De là vient que l’Homme-Dieu, au tribunal d’un homme, lui disait: « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, s’il ne t’était donné d’en haut3 ». Cet homme jugeait, l’Homme-Dieu instruisait; il nous instruisait quand on le jugeait, afin de juger ensuite ceux qu’il aurait instruits. « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, s’il ne t’était donné «d’en haut ».Qu’est-ce à dire? Est-ce l’homme seulement qui n’a de pouvoir qu’autant qu’il en reçoit d’en haut? Le diable lui-même a-t-il osé enlever au saint homme Job la moindre brebis avant d’avoir dit à Dieu: «Etendez votre main», c’est-à-dire, donnez-moi le pouvoir? Le diable voulait, Dieu ne le permettait point; quand Dieu le permit, le diable eut le pouvoir; le pouvoir n’est donc pas en lui, mais en Dieu qui a permis. Aussi Job, qui était bien instruit, ne dit pas, ainsi que je vous l’ai fait remarquer si souvent : Le Seigneur l’a donné, le diable l’a ôté mais bien : « Le Seigneur l’a donné, le Seigneur l’a ôté comme il a plu au Seigneur, ainsi il a été fait4 » ; et non, comme il a plu au diable. Vous donc, mes frères, qui ne pouvez qu’avec tant de peine goûter le pain salutaire de la parole, gardez-vous bien d’avoir d’autre crainte que celle de Dieu. L’Ecriture nous avertit de ne craindre que lui seul. Que la terre entière craigne donc le Seigneur qui met des abîmes dans ses trésors. Qu’ils tremblent devant lui, tous ceux qui habitent la surface de la terre : « Car c’est lui qui a dit et tout a été fait; il a commandé et tout a été créé ».