CHAPITRE XXXIII. CERTAINS MOINES CHEVELUS, SAINTS HOMMES D'AILLEURS, INVITÉS A SE DÉPOUILLER DE LEUR CHEVELURE.
41. Que désormais donc ceux qui ne veulent pas agir avec droiture, cessent du moins d'enseigner l'erreur. A d'autres, toutefois, s'adresse le blâme que nous formulons ici : il ne tombe pas sur ceux qui ont uniquement le travers de porter longue chevelure, bien que cette violation d'un précepte apostolique malédifie et trouble grandement l'Eglise. En effet, telles personnes ne voulant pas penser le moindre mal au sujet de ces religieux, sont forcées de plier dans un sens mauvais les paroles si claires de l'Apôtre ; telles autres préfèrent avant tout défendre la saine interprétation des Ecritures, plutôt que de flatter n'importe quels hommes. De là naissent entre des frères, les uns plus faibles, les autres plus fermes, des disputes bien amères et bien dangereuses. Je n'en doute pas : ceux de nos religieux qu'en tout le reste nous admirons et nous aimons, s'ils connaissaient cet état des esprits, s'empresseraient d'y porter remède. Non, notre blâme ne tombe pas sur eux.
Mais plutôt nous les prions et les supplions par la divinité et par l'humanité de Jésus-Christ et par la charité du Saint-Esprit; qu'ils cessent désormais de donner ce scandale à ces faibles, pour lesquels Jésus-Christ est mort ! qu'ils ne portent point à cet excès la douleur et le tourment dans notre coeur ! Car une pensée nous afflige : des hommes pervers pourraient imiter cet abus pour tromper le public; ils le feraient d'autant plus volontiers qu'ils aperçoivent ce travers en des personnes que tant d'autres vertus nous commandent d'honorer par les témoignages les plus légitimes de l'amour chrétien. Toutefois si après cet avis ou plutôt cette prière de notre part, ils croient devoir persévérer dans leur habitude, nous ne voudrons que gémir et pleurer. Il suffit qu'ils sachent nos voeux; s'ils sont les serviteurs de Dieu, ils se montreront miséricordieux; s'ils oublient la miséricorde, je ne veux rien leur dire de plus sévère.
Si vous approuvez toutes ces considérations où j'ai peut-être été plus diffus que ne le permettraient vos occupations et les miennes, faites-les connaître à nos frères et fils, en faveur desquels vous avez daigné m'imposer cette tâche. Si je dois au contraire en retrancher ou y corriger quelque chose, la réponse de Votre Béatitude me l'apprendra.
Traduction de M. l'abbé COLLERY.