Traduction
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La cité de dieu
CHAPITRE VI.
DE CETTE OPINION DE VARRON QUE DIEU EST L’ÂME DU MONDE ET QU’IL COMPREND EN SOI UNE MULTITUDE D’ÂMES PARTICULIÈRES DONT L’ESSENCE EST DIVINE.
Varron dit encore, dans son introduction à la théologie naturelle, qu’il croit que Dieu est l’âme du monde ou du cosmos, comme parlent les Grecs, et que ce monde est Dieu; mais de même qu’un homme sage, quoique formé d’une âme et d’un corps, est appelé sage à cause de son âme, ainsi le monde est appelé Dieu à cause de l’âme qui le gouverne, bien qu’il soit également composé d’une âme et d’un corps. Il semble ici que Varron reconnaisse en quelque façon l’unité de Dieu; mais pour faire en même temps la part du polythéisme, il ajoute que le monde est divisé en deux parties, le ciel et la terre, le ciel en deux autres, l’éther et l’air, la terre, de même, en eau et en continent; que l’éther occupe la région la plus haute, l’air la seconde, l’eau la troisième, la terre enfin la plus basse région; que ces quatre éléments sont l’emplis d’âmes, le feu et l’air d’âmes immortelles, l’eau et la terre d’âmes mortelles; que dans l’espace qui s’étend depuis la limite circulaire du ciel jusqu’au cercle de la lune habitent les âmes éthérées, qui sont les astres et les étoiles, dieux célestes, visibles aux sens en même temps qu’intelligibles à la raison; qu’entre la sphère lunaire et la partie de l’air où se forment les nuées et les vents habitent les âmes aériennes, que l’esprit conçoit sans que les yeux les puissent voir, c’est-à-dire les héros, les lares, les génies; voilà l’abrégé que nous offre Varron de sa théologie naturelle qui est aussi celle d’un grand nombre de philosophes. Nous aurons à l’examiner à fond, quand ce qui nous reste à dire sur la théologie civile relativement aux dieux choisis aura été conduit à bonne fin, avec la grâce de Dieu.
Edition
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De civitate Dei (CCSL)
Caput VI: De opinione Varronis, qua arbitratus est deum animam esse mundi, qui tamen in partibus suis habeat animas multas, quarum diuina natura sit.
Dicit ergo idem Varro adhuc de naturali theologia praeloquens deum se arbitrari esse animam mundi, quem Graeci uocant κόσμος, et hunc ipsum mundum esse deum; sed sicut hominem sapientem, cum sit ex corpore et animo, tamen ab animo dici sapientem, ita mundum deum dici ab animo, cum sit ex animo et corpore. hic uidetur quoquo modo unum confiteri deum; sed ut plures etiam introducat, adiungit mundum diuidi in duas partes, caelum et terram; et caelum bifariam, in aethera et aera; terram uero in aquam et humum; e quibus summum esse aethera, secundum aera, tertiam aquam, infimam terram; quas omnes partes quattuor animarum esse plenas, in aethere et aere inmortalium, in aqua et terra mortalium. ab summo autem circuitu caeli ad circulum lunae aetherias animas esse astra ac stellas; eos caelestes deos non modo intellegi esse, sed etiam uideri; inter lunae uero gyrum et nimborum ac uentorum cacumina aerias esse animas, sed eas animo, non oculis uideri et uocari heroas et Lares et genios. haec est uidelicet breuiter in ista praelocutione proposita theologia naturalis, quae non huic tantum, sed multis philosophis placuit; de qua tunc diligentius disserendum est, cum de ciuili, quantum ad deos selectos adtinet, opitulante deo uero quod restat inpleuero.