Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
8.
Iam vero ne hominem, sicut magni quidam homines fuerunt, Christum putaret, idem propheta hoc illi de cogitatione excuteret. Ibi enim sequitur et dicit: Maledictus homo, qui spem habet in homine et firmat carnem brachii sui et a domino discedit cor eius; et erit sicut tamarix, quae in deserto est; non videbit, cum venient bona, et habitabit inter iniquos in terra deserta, in terra salsa, quae non inhabitabitur, p. 387,6 et benedictus homo, qui confidit in domino, et erit dominus spes eius, eritque tamquam lignum fructiferum secus aquam, et in humore mittet radices suas; non timebit cum venerit aestus, et erunt in eo propagines nemorosae; in anno siccitatis non timebit et non deficiet faciendo fructum. Hic certe cum maledictum diceret eum, qui spem ponit in homine, eamque maledictionem propheticis similitudinibus explicaret, et benedictum, qui in domino confideret, eamque benedictionem congruis itidem similitudinibus texeret, turbaretur fortasse ille, quomodo ei, ne spem suam in homine poneret, deum Christum adnuntiaremus, et rursum eum non ex propria natura, sed ex nostra mortalitate suscepta hominem diceremus. Sic enim quidam deum credendo Christum et hominem negando erraverunt; et rursus quidam hominem putando et deum negando aut contempserunt aut in homine spem suam ponentes in illud maledictum inciderunt. p. 387,22 Hic ergo iste gentilis si turbaretur, et diceret contra fidem nostram istum prophetam locutum fuisse, quia nos secundum apostolicam doctrinam non tantummodo deum Christum diceremus, ut in eo spes securissime ponatur, sed etiam mediatorem dei et hominum hominem Iesum Christum, istum autem deum tantum dixisse, de natura vero humana nullam fecisse mentionem, ibidem eiusdem prophetae vocem audiret se admonentis et corrigentis: Grave cor per omnia, et homo est, et quis agnoscet eum? Ideo quippe homo, ut graves corde per formam servi ex fide sanarentur et eum agnoscerent deum, qui propter eos factus est homo, ne in homine spes eorum esset, sed in homine deo. p. 388 7 Et tamen grave cor per omnia, et homo est formam servi accipiens. Et quis agnoscit eum? Qui cum in forma dei esset, non rapinam arbitratus est esse aequalis deo. Et homo est, quia verbum caro factum est et habitavit in nobis. Et quis agnoscit eum? quia in principio erat verbum et verbum erat apud deum et deus erat verbum. Et vere grave cor per omnia; nam et in discipulis eius ipsum grave cor fuit, cum eis dicebat: Tanto tempore vobiscum sum et non cognovistis me? Quid est enim: tanto tempore vobiscum sum, nisi quod hic dicitur: Et homo est? Quid est autem aliud: et non cognovistis me? nisi quod hic dicitur: Et quis agnoscit eum? Quem, nisi eum, qui dicit: Qui me vidit, vidit et patrem, ut spes nostra non sit in homine propter illud per prophetam edictum maledictum, sed sit in homine deo, id est in filio dei salvatore Iesu Christo, mediatore dei et hominum, et quo pater maior est propter formam servi, et qui patri aequalis est propter formam dei. p. 388,26
Traduction
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE VIII. L'HOMME-DIEU PRÉDIT PAR LES PROPHÈTES.
Et s'il était tenté de prendre le Christ pour quelqu'un de ces grands hommes qu'on a vus, le même prophète l'aurait bientôt tiré de son erreur. Car voici ce qu'il dit ensuite : « Maudit l'homme qui met sa confiance dans l'homme, qui s'appuie sur un bras de chair et dont le coeur s'éloigne du Seigneur ; il sera comme le tamarin du désert ; il ne verra pas venir les biens, car il habitera parmi les méchants dans une terre déserte, dans une terre couverte de sel et qui ne sera pas habitée ». Et encore : « Béni l'homme qui se confie au Seigneur : le Seigneur sera son espérance ; il sera comme un arbre fertile planté sur le bord des eaux et qui y étend ses racines ; il ne craindra pas quand viendra la chaleur, et ses rameaux seront épais et nombreux ; il ne craindra point au temps de la sécheresse et il ne cessera de donner des fruits ». Evidemment quand le Prophète appelle maudit celui qui met sa confiance dans l'homme, et rend cette malédiction sensible par des comparaisons prophétiques ; quand il appelle béni l'homme qui se confie au Seigneur, et explique également cette bénédiction par des comparaisons analogues : notre païen serait peut-être troublé de nous entendre dire que le Christ est Dieu, dans le but de l'empêcher de mettre sa confiance en l'homme, et affirmer ensuite qu'il est homme, non par nature, mais pour avoir revêtu notre mortalité. C'est ainsi, en effet, que quelques-uns ont erré en reconnaissant le Christ comme Dieu, mais en le niant comme homme : et d'autres au contraire, en l'admettant comme homme et en le niant comme Dieu, ou ont fait preuve de mépris pour lui, ou, mettant leur confiance en un homme, ont encouru la malédiction dont parle le Prophète. Si donc ce gentil se troublait, il dirait que ce même prophète est opposé à notre foi, puisque nous n'affirmons pas seulement, d'après l'enseignement des Apôtres, que le Christ est Dieu et que l'on peut en toute sécurité mettre en lui sa confiance, mais que Jésus homme est aussi médiateur entre Dieu et les hommes[^5] ; tandis que le Prophète n'a parlé que de Dieu et n'a fait aucune mention de la nature humaine : si, dis-je, il se sentait troublé là-dessus, il entendrait immédiatement et au même endroit une voix l'avertir et redresser son erreur « Le cœur est lourd en toutes choses, et il est homme, et qui le reconnaîtra[^1] ? » Car le Christ est homme, il a revêtu la forme d'esclave, afin que ceux qui ont le cœur lourd fussent guéris par la foi, et qu'ils reconnussent comme Dieu celui qui s'est fait homme pour eux, afin qu'ils missent leur confiance, non en l'homme, mais en l'Homme-Dieu. Et néanmoins « le cœur est lourd en toutes choses, et il est homme, prenant la forme d'esclave. Et qui le reconnaît ? lui qui étant dans la forme de Dieu n'a pas cru que ce fût une usurpation de se faire égal à Dieu[^2]. Et il « est homme ; parce que le Verbe a été fait chair et qu'il a habité parmi nous. Et qui le reconnaîtra?» puisque: «Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu[^3] ». Et vraiment « le cœur est lourd en toutes choses», car il l'a été même chez les disciples, alors que le Christ leur disait: « Il y a si longtemps que je suis avec vous et vous ne me connaissez pas ? » Que signifient ces mots : « Il y a si longtemps que je suis avec vous », sinon ce que dit le Prophète « Et il est homme ? » Et que veulent dire ces paroles: « Et vous ne me connaissez pas », sinon : « Et qui le reconnaîtra? » Et quel est-il, sinon celui qui dit: « Qui me voit, voit aussi mon Père[^4] ? » Ainsi nous ne mettrons pas notre confiance en un homme, à cause de la malédiction formulée par le Prophète, mais nous la mettrons dans l'Homme-Dieu, c'est-à-dire dans le Fils de Dieu, le Sauveur Jésus-Christ, Médiateur entre Dieu et les hommes, moins grand que son Père en tarit qu'il a pris la forme d'esclave, et l'égal du Père en tant qu'il est dans la forme de Dieu.
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I Tim. II, 5.
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Jer. XVII, 5-9.
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Phil. II, 7, 6.
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Jean, I, 14, 1.
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Id. XIV, 9.