Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
8.
Quid ergo iam moveat sancti evangelii sectatorem, quod sine concubitu Ioseph Christus natus ex virgine filius tamen David appellatur, cum generationum seriem non usque ad Mariam, sed usque ad Ioseph Matthaeus evangelista perducat? p. 713,7 Primo quia mariti eius fuerat propter virilem sexum potius honoranda persona; neque enim quia concubitu non permixtus ideo non maritus, cum ipse Matthaeus narret ab angelo Mariam coniugem ipsius appellatam, qui narrat, quod non ipsius concubitu, sed de spiritu sancto conceperat. Quodsi non Matthaeus apostolus ista vera, sed aliquis alius sub eius nomine, sicut Manichaei putant, ea falsa conscriberet, itane sibi etiam ipse in rebus apertissimis et tam de proximo contextis contraria loqueretur, ut quem diceret David filium de Maria virgine sine cuiusquam viri concubitu natum, eiusdem parentes gradatim enumerans usque ad eum sine aliqua ratione perduceret, quem non commixtum Mariae ipse dixisset? p. 713,18 Si enim alius enumeraret progeneratores Christi a David usque ad Ioseph dicens eum filium David, et alius eum sine ullius viri concubitu ex virgine Maria natum diceret nec eum filium David appellaret, nec sic continuo putare deberemus eos sibi haec contraria locutos fuisse, ut vel ambo vel unus eorum falsitatis convinceretur. Cogitare enim deberemus fieri potuisse, ut ambo vera dicerent, ut et Ioseph maritus Mariae diceretur habens eam coniugem continenter non concubitu, sed affectu, non commixtione corporum, sed copulatione, quod est carius, animorum, et ideo non debuisse virum virginis matris Christi separari a serie parentum Christi, et ipsam Mariam aliquam de stirpe David venam sanguinis ducere, ut caro Christi etiam ex virgine procreata sine David semine esse non posset. 714,3 Cum vero unus idemque narrator utrumque dicat, utrumque commendet, et virum Mariae Ioseph et Christi virginem matrem et Christum ex semine David et Ioseph in serie progeneratorum Christi ex David: quid restat, ut credat, qui mavult divino evangelio quam haereticorum fabulis credere, nisi et Mariam non fuisse extraneam a cognatione David et eam Ioseph coniugem non frustra appellatam propter ordinem sexus et animorum confoederationem, quamvis ei non fuerit carne commixtus, et Ioseph potius propter dignitatem virilem ab ordine generationum illarum non fuisse separandum, ne hoc ipso videretur ab illa femina separatus, cui eum coniungebat mentis affectus, et ne homines fideles Christi id, quod sibi coniuges carne miscentur, tam magnum in coniugio deputarent, ut sine hoc coniuges esse non crederent, sed potius dicerent (discerent ?) fidelia coniugia multo familiarius se adhaerere membris Christi, quanto potuissent imitari parentes Christi? p. 714,19
Traduction
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE VIII. COMMENT LE CHRIST, MARIE ET JOSEPH SONT DE LA FAMILLE DE DAVID.
Qu'il y a-t-il donc de choquant, pour un disciple du saint Evangile, à ce que le Christ né de la Vierge sans la participation de Joseph, soit cependant appelé fils de David, quoique Matthieu l'Evangéliste fasse descendre sa généalogie, non pas jusqu'à Marie, mais jusqu'à Joseph? La première raison de cela, est qu'il fallait d'abord faire honneur à l'époux, à cause de son sexe : car, pour s'être abstenu de son épouse, Joseph n'en est pas moins son époux, puisque le même Matthieu qui nous raconte que la Vierge avait conçu, non de son époux, mais du Saint-Esprit, nous dit aussi que l'Ange appela Marie épouse de Joseph. Et si ce n'est pas l'apôtre Matthieu qui a écrit ces vérités, mais, comme le pensent les Manichéens, quelque autre qui aurait écrit ces faussetés sous son nom, ce faussaire se serait-il contredit dans des choses si évidentes, si rapprochées, au point d'amener, sans raison aucune, jusqu'à Joseph, qu'il dit n'avoir point connu Marie, la généalogie de celui qu'il appelle Fils de David, né de la Vierge Marie sans la participation d'aucun homme, et cela, en donnant par ordre de générations tous les noms de ses ancêtres ? Si, en effet, un homme énumérait les ancêtres du Christ, de David à Joseph, et l'appelait fils de David, et qu'un autre le déclarât né de la Vierge Marie, sans la participation d'aucun homme, mais ne l'appelât point fils de David : il ne faudrait pas pour cela conclure de leur contradiction que l'un du moins, sinon tous les deux, serait dans le faux. Nous devrions penser, au contraire, que tous les deux ont pu dire la vérité : à savoir que Joseph devait être nommé époux de Marie, chaste époux, non par le commerce charnel, mais par l'affection, non par l'union du corps, mais par celle, bien plus précieuse, de l'âme; que par conséquent l'époux de la Vierge mère du Christ n'a point dû être détaché de la suite des parents du Christ, et que Marie elle-même avait dans les veines quelques gouttes du sang de David, afin que la chair du Christ, quoique enfantée d'une Vierge, ne pût être étrangère à la race de David. Mais comme c'est un seul et même écrivain qui dit les deux choses, qui nous présente Joseph comme époux de Marie et la Vierge comme mère du Christ, le Christ comme issu de la race de David; et Joseph comme faisant partie de la généalogie du Christ, à partir de David : que reste-t-il à celui qui aime mieux croire à l'Evangile qu'aux fables des hérétiques, sinon d'admettre que Marie n'était point étrangère à la famille de David, qu'on ne l'a pas appelée, sans raison, épouse de Joseph, bien qu'il ne lui ait point été uni charnellement, mais par égard pour le rang dû au sexe, et à cause de l'union de leurs cœurs ; que Joseph n'a point dû être détaché de l'arbre généalogique, à cause de sa dignité d'homme et pour ne pas paraître séparé de la femme à qui son affection l'unissait, et aussi pour que les disciples fidèles du Christ ne considérassent point l'union charnelle comme tellement essentielle au mariage, qu'on ne puisse être époux sans elle, mais qu'ils apprissent que des époux fidèles sont d'autant plus unis aux membres du Christ, qu'il imitent de plus près les parents du Christ.