Traduction
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XIV. FAUSTE PRIS DANS SES PROPRES ARGUMENTS.
Mais Fauste sent que son argumentation contre la sainteté de l'Évangile n'est pas seulement sacrilège, mais encore faible et sans solidité; aussi dirige-t-il ailleurs son intention, et affirme-t-il que ce qui fait le plus d'impression sur lui, c'est que, en étudiant scrupuleusement tous les livres de Moïse, il n'y a trouvé aucune prophétie touchant le Christ. Je me hâte de lui répondre qu'il ne comprend pas. Et si on me demande pourquoi, je répondrai que c'est parce qu'il lit avec une intention hostile, perverse; parce qu'il n'étudie pas pour apprendre, mais qu'il croit savoir ce qu'il ignore. Cette présomption, cette bouffissure de l'orgueil ferme l'oeil du coeur, pour l'empêcher de voir, ou le tourne de travers, pour qu'il voie mal et approuve ou désapprouve à tort. « Faites-moi connaître », nous dit-il, « tout ce que les livres de Moïse renferment sur notre Dieu et Seigneur, et qui m'aura peut-être échappé à la lecture ». Je lui réponds de suite : Tout t'a échappé, car tout est écrit en vue du Christ. Mais comme il nous est impossible de tout discuter, de tout traiter, je serai, avec l'aide de Dieu, fidèle à la règle que je me suis tracée dans cet ouvrage et que j'ai énoncée plus haut, à savoir de te démontrer que ces passages que tu choisis toi-même pour les critiquer, sont précisément écrits à cause du Christ. Bien plus, tu me pries de ne pas te dire, « à la façon des ignorants, qu'il suffit pour croire, de savoir que le Christ a affirmé que c'est de lui que Moïse a écrit ». Mais si je le dis, ce n'est pas comme ignorant, mais comme fidèle. Je conviens toutefois que cet argument est sans valeur pour convaincre un juif ou un païen; mais qu'il suffise à vous confondre, vous qui vous glorifiez d'être chrétiens d'une façon ou de l'autre, c'est ce que tu es obligé d'avouer après bien des tergiversations, quand tu dis « Ici, je t'en prie, ne fais pas attention à moi; ma profession m'oblige à croire, et je ne puis me dispenser d'ajouter foi à celui dont j'embrasse la doctrine; mais suppose que nous avons affaire à un juif, ou même à un gentil ». En attendant, ces paroles font assez voir que toi, à qui j'ai maintenant affaire, parce que ta profession t'oblige à croire, tu es suffisamment convaincu que c'est du Christ que Moïse a écrit, vu que le Christ lui-même l'a dit, comme le porte l'Evangile, dont tu n'oses pas attaquer la si grande et si sainte autorité. Que si tu l'oses par voie détournée, tu te trouves embarrassé dans tes propres arguments ; et voyant quelle ruine te menace quand on te dit que tu ne peux exiger la foi à aucun écrit sur les actes et les paroles du Christ, si tu ne te crois pas obligé d'admettre l'Evangile si saintement et si universellement connu, tu crains de voir disparaître ce nom de chrétien, qui te sert de manteau, de voir ta vanité mise à nu, livrée au mépris et à l'horreur de tous; alors tu cherches à cacher tes blessures, et tu dis que ta profession t'oblige à croire à ces paroles de l'Evangile. Voilà comment, en attendant, moi, qui ai maintenant affaire à toi, je te tiens, je te frappe, je te tue, c'est-à-dire ton erreur et ta fourberie, et je te force à avouer que Moïse a écrit du Christ; parce que nous lisons dans l'Evangile, auquel ta profession t'oblige de croire, que le Christ fa dit. Et s'il est jamais nécessaire que je discute avec le juif ou le gentil, j'ai déjà montré plus haut comment je croirai devoir agir dans la faible mesure de mes forces.
Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
14.
Sed hanc non solum sacrilegam adversus evangelicam sanctitatem, verum etiam enervem ac debilem esse argumentationem sentit et Faustus atque intentionem suam in illud potius confert eoque se plus teneri dicit, quia omnem Moyseos scripturam scrutatus nullas ibi de Christo prophetias invenit. Cui cito respondeo: quia non intellegit; et si, cur non intellegat, quisquam quaesierit, respondebo: quia inimico, quia adverso animo legit, quia non ideo scrutatur, ut sciat, sed quod nescit scire se putat. Haec praesumptio tumidae arrogantiae oculum cordis vel claudit, ut omnino non videat, vel distorquet, ut perverse videat, et aliud pro alio probet aut improbet. Tu me inquit doce, quid est, quod me forte legentem praeterierit de deo ac domino nostro memoratum in scriptura Moysi! p. 454,9 Et hic cito respondeam: Totum te praeteriit, quia totum ille de Christo scripsit, sed quia totum discutere et pertractare non possumus, hoc tibi in isto opere, si potero, domino adiuvante servabo, quod superius dixi, ut ea ipsa, quae ad reprehendendum eligis, ostendam de Christo esse conscripta. Quin etiam petis, ne dixerim, ut imperiti solent, hoc ipsum satis esse debere ad fidem, quia Christus dixerit de se scripsisse Moysen. Quod quidem si dico, non ut imperitus, sed ut fidelis dico. Non valere autem hoc ad convincendum gentilem vel Iudaeum et ego fateor; sed adversus vos, qui quoquo modo nomine christiano gloriamini, satis esse idoneum ac praevalidum, tu quoque etsi diu tergiversatus tamen coactus es confiteri dicens: p. 454,22 Nolo enim nunc ad me respicias, quem ad credendum professio mea fecit obnoxium, ut non possim non credere ei, quem sequor; sed puta nos cum Iudaeo tractare, puta cum gentili. Quibus verbis ostendisti te interim, cum quo mihi nunc res est, quia te ad credendum professio tua fecit obnoxium, satis esse convictum de Christo scripsisse Moysen, quia ipsum Christum hoc dixisse in evangelio scriptum est, cuius tam praeclaram sanctamque auctoritatem labefactare non audes; quia et cum id ex obliquo audes, difficultatis tuae pressus angustiis et cernens, quanta ruina te obruat, cum tibi dicitur nullam esse scripturam, cui de factis et dictis Christi flagites esse credendum, si evangelio tam sancte (sancto ?) lateque notissimo credendum esse non putas, et timens, ne amisso christiani nominis pallio nuda vanitas vestra omnibus conspuenda et detestanda remaneat, p. 455,7 rursus te saucium colligere conaris et dicis, quod istis evangelii verbis iam te ad credendum professio tua fecit obnoxium. Sic ergo te interim, cum quo nunc ago, teneo, ferio, perimo, id est errorem tuum atque fallaciam, et cogo fateri de Christo scripsisse Moysen, quia hoc Christum dixisse in evangelio legitur, cui te ad credendum professio tua fecit obnoxium. Cum Iudaeo vero vel gentili si mihi necesse fuerit disputare, iam supra ostendi, quibus modis pro meis parvulis viribus me agere oportere existimem.