• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra Faustum Manichaeum

Traduction Masquer
Contre Fauste, le manichéen

CHAPITRE PREMIER. FAUSTE VEUT PROUVER QU'IL N'ADMET PAS DEUX DIEUX.

Fauste. N'y a-t-il qu'un Dieu ou y en a-t-il deux? – Evidemment il n'y en a qu'un. — Comment donc affirmez-vous qu'il y en a deux? — Jamais il n'a été question de deux dieux dans nos assertions. Je voudrais savoir ce qui a pu te le faire soupçonner. — Parce que vous admettez deux principes, celui du bien et celui du mal. — Soit: nous admettons deux principes, mais nous n'appelons Dieu que l'un des deux, et nous nommons l'autre Hylé ou démon, pour parler le langage ordinaire. Si tu penses que ce soit, là, admettre deux dieux, tu pourras dire aussi qu'un médecin qui discute sur la maladie et la santé, admet deux santés; que celui qui nomme le bien et le mal, admet deux biens; et en entendant parler de richesse et de pauvreté, tu pourras croire que cela signifie deux richesses. Et si je discute sur le blanc et le noir, le froid et le chaud, le doux et l'amer, et que tu prétendes que je parle de deux blancheurs, de deux chaleurs, de deux douceurs, ne passeras-tu pas pour un fou, pour un cerveau fêlé? Ainsi, quand je parle de deux principes, Dieu et Hylé, tu ne dois pas t'imaginer que je veuille dire deux dieux. Parce que nous attribuons à Hylé tout pouvoir de faire le mal et à Dieu tout pouvoir de faire le bien, comme cela doit être, diras-tu pour cela qu'il importe peu que nous les appelions dieu l'un et l'autre, indifféremment? S'il en est ainsi, quand on parlera de poison et d'antidote, tu pourras dire qu'on peut indifféremment les appeler tous les deux antidotes, parce qu'ils ont chacun leur propriété, que tous les deux opèrent et produisent leur effet; quand on parlera d'un médecin et d'un empoisonneur, tu pourras donner à tous les deux le nom de médecins; quand on parlera d'un juste et d'un injuste, tu pourras les appeler justes tous les deux, parce que tous les deux font quelque chose. Or, si cela est absurde, combien ne l'est-il pas plus de regarder comme deux dieux, Dieu et Hylé, parce que l'un et l'autre agissent ? C'est donc une sotte et pauvre argumentation que la tienne, quand n'ayant rien à me répondre sur le fond, tu me fais une méchante querelle sur les mots. Du reste, je ne disconviens pas que quelquefois nous donnons le nom de dieu à la nature ennemie; en cela nous n'entendons pas exprimer notre foi, mais nous conformer au langage de ceux qui l'honorent et en font un dieu dans leur ignorance ; comme nous entendons l'Apôtre dire : « Le dieu de ce siècle a aveuglé les esprits des infidèles[^1] » ; l'appelant dieu, parce que les siens l'appelaient ainsi; mais ajoutant qu'il aveugle les esprits, pour faire comprendre qu'il n'est pas le vrai Dieu.

  1. II Cor. IV, 4.

Edition Masquer
Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres

1.

Faustus dixit: _Unus deus est an duo?_Plane unus. p. 568,10 Quomodo ergo vos duos asseritis? Numquam in nostris quidem assertionibus duorum deorum auditum est nomen. Sed tu unde hoc suspicaris, cupio scire. Quia bonorum et malorum duo principia traditis. Est quidem, quod duo principia confitemur, sed unum ex his deum vocamus, alterum hylen, aut, ut communiter et usitate dixerim, daemonem. Quodsi tu hoc putas duos significare deos, poteris et medico disputante de infirmitate atque sanitate duas easdem putare sanitates; et cum quis bonum nominat et malum, tu poteris eadem duo putare bona; et copiam audiens atque egestatem duas easdem putabis copias. Quid si et de albo et nigro disputante me et frigido et calido et dulci et amaro dicas, quia duo alba et duo calida et duo dulcia ostenderim? p. 568,22 Nonne videberis mentis incompos et cerebri minime sani? Sic et cum duo principia doceo, deum et hylen, non idcirco videri iam debeo tibi duos ostendere deos. An quia vim omnem maleficam hyle assignamus et beneficam deo, ut congruit, idcirco nihil interesse putas, an utrumque eorum vocemus deum? Quod si ita est, poteris et venenum audiens et antidotum nihil interesse putare, an utrumque vocetur antidotum, quia utrumque eorum vim suam habeat, utrumque agat aliquid et operetur. Necnon et medicum audiens ac venenarium utrosque vocabis medicos, et iustum audiens atque iniustum poteris utrosque vocare iustos, quia uterque eorum aliquid agat. Quodsi hoc facere absurdum est, quanto absurdius deum et hylen idcirco duos putare deos, quia eorum quisque aliquid operetur? p. 569,8 Quapropter inepta haec et viribus satis effeta argumentatio est, ut quia de re mihi respondere non possis, de solis nominibus confles invidiam. Nam nec diffiteor etiam interdum nos adversam naturam nuncupare deum, sed non hoc secundum nostram fidem, verum iuxta praesumptum iam in eam nomen a cultoribus suis, qui eam imprudenter existimant deum, quemadmodum et apostolus deus inquit saeculi huius excaecavit mentes infidelium, deum quidem nominans, quia sic iam vocaretur a suis, sed adiciens, quod mentes excaecet, ut ex hoc intellegatur non esse verus deus.

  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Les éditions de cette œuvre
Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
Traductions de cette œuvre
Contre Fauste, le manichéen
Gegen Faustus Comparer
Reply to Faustus the Manichaean Comparer

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité