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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra Faustum Manichaeum

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Contre Fauste, le manichéen

CHAPITRE IX. C'EST DIEU, ET NON LE DÉMON, QUI EST L'AUTEUR DU CORPS HUMAIN.

Or, quiconque nie que Dieu soit l'auteur de nos membres et de notre corps, que l'Apôtre vante et loue si fort, est en contradiction, vous voyez avec qui, et vous annonce une autre doctrine que celle que nous avons reçue[^11]. Est-il besoin que je le réfute ? ne doit-il pas plutôt être anathématisé par tous les chrétiens ? L'Apôtre dit : « Dieu a réglé le corps »; Fauste dit : Ce n'est pas Dieu, mais Hylé. Qu'y a-t-il de plus clair que ces contradictions hostiles qu'il faut anathématiser plutôt que réfuter ? Est-ce que l'Apôtre en disant: « Dieu », a ajouté : « de ce siècle[^12] ? » Pourtant si on entend dire que le démon aveugle les esprits des infidèles, par des suggestions coupables ; nous ne le nierons pas; et ceux qui y cèdent, perdent la lumière de la justice par une juste punition de Dieu. Nous lisons tout cela dans les saintes Ecritures : car voici un texte qui s'applique à la séduction venant du dehors : « Je crains que comme le serpent séduisit Eve par son astuce, ainsi vos esprits ne se corrompent et ne dégénèrent de la simplicité et de la chasteté qui sont dans le Christ[^13] » puis cet autre du même genre: « Les mauvais entretiens corrompent les bonnes moeurs[^1] »; puis un encore où chacun est représenté comme son propre séducteur : « Car si quelqu'un s'estime être quelque chose, comme il n'est rien, il s'abuse lui-même[^2] » ; et enfin cet autre sur la vengeance divine, que j'ai déjà cité plus haut : « Dieu les a livrés à un sens réprouvé, en sorte qu'ils ont fait les choses qui ne conviennent pas[^3] ». De même, dans les anciens livres, après avoir d'abord dit : « Dieu n'a pas fait la mort et ne se réjouit pas de la perte des vivants[^4] », le sage ajoute peu après : « C'est par la jalousie du démon que la mort est entrée dans le monde[^5] ». Et encore, à propos de la mort, de peur que les hommes ne se croient innocents, il dit : « Les impies l'ont appelée par leurs actions et par leurs paroles, et la regardant comme une amie, ils ont défailli[^6]». Mais ailleurs il dit : « Les biens et les maux, la vie et la mort, les richesses et la pauvreté viennent du Seigneur Dieu[^7] ». Ici les hommes troublés ne comprennent pas que dans une seule et même mauvaise action (non par l'effet d'une vengeance postérieure et manifeste, mais par une certaine vengeance qui s'y attache immédiatement) il y a une part à attribuer à la ruse de celui qui conseille, une part à la malice de celui qui veut, et une troisième à la justice de celui qui punit : en effet, le démon suggère, l'homme consent, Dieu se retire. Ainsi, dans une oeuvre mauvaise, par exemple dans l'aveuglement des infidèles, si par ces mots : « Le Dieu de ce siècle », on entend le démon comme perfide conseiller, je ne trouve point le sens absurde. Car on ne dit pas « Dieu » simplement, puisqu'on ajoute : « de ce siècle », c'est-à-dire des impies, des hommes qui ne veulent prospérer que dans ce siècle, qu'on appelle aussi siècle mauvais, comme il est écrit : « Afin de nous arracher à ce siècle mauvais[^8] ». C'est ainsi que dans ce passage : « Dont le dieu est le ventre[^9], s'il n'y avait le mot : « Dont », on ne dirait pas : « Le dieu est le ventre ». Et dans le Psaume, on n'appellerait pas dieux les démons, si on n'y ajoutait, des nations, car le texte porte : « Parce que les dieux des nations sont des démons[^10] ». Mais ici il ne s'agit ni de : « Le dieu de ce siècle», ni de : « Dont le dieu est le ventre », ni de : « Les dieux des nations sont des démons »; mais on dit simplement : « Dieu a réglé le corps » ; et par Dieu on ne peut entendre ici que le vrai Dieu, créateur de toutes choses. Là, en effet, c'est le langage du blâme, ici, c'est celui de l'éloge. A moins que Fauste n'entende que Dieu a réglé le corps, non en disposant ses membres, c'est-à-dire en le formant et en le construisant, mais en y mêlant sa lumière; en sorte qu'un autre aurait créé les membres, les aurait destinés à leur usage propre et mis chacun à sa place, et que Dieu, en y mêlant sa bonté, mirait corrigé le vice de la construction, car c'est par de telles fables qu'ils abrutissent les âmes faibles. Mais Dieu, qui vient en aide aux petits par la bouche de ses saints, ne leur permet pas même de tenir ce langage. Car tu lis un peu plus haut : « Mais Dieu a placé dans le corps chacun des membres comme il l'a voulu ». Qui ne conclura de là que Dieu est l'ordonnateur du corps, qu'il a composé de beaucoup de membres, dont les diverses fonctions se maintiennent dans l'ensemble pour concourir à l'unité ?

  1. Gal. I, 9.

  2. II Cor. IV, 4.

  3. Id. XI, 3.

  4. I Cor. XV, 33.

  5. Gal. VI, 3.

  6. Rom. I, 28.

  7. Sag. I, 13. .

  8. Id. II, 24.

  9. Sag. I, 16.

  10. Eccli. XI, 14.

  11. Gal. I, 4.

  12. Phil. III, 19.

  13. Ps. XCV, 5.

Edition Masquer
Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres

9.

Horum ergo membrorum _ [et?]corporis nostri, quae sic commendat, sic laudat apostolus, quisquis artificem deum negat, videtis, cui contradicat adnuntians nobis praeter id, quod accepimus. Quid igitur opus est, ut a me redarguatur potius quam ab omnibus christianis anathemetur? Dicit apostolus: Deus temperavit corpus, et dicit iste: Hyle, non deus. Quid apertius his inimicitiis ante anathemandis quam refellendis? Numquid et hic apostolus, cum diceret deus, addidit huius saeculi, ubi etiam si quis diabolum intellexerit excaecare mentes infidelium, non negamus, malis suasionibus, quibus qui consentiunt, iustitiae lumen amittunt deo retribuente quod iustum est. p. 578,23 Haec omnia legimus in scripturis sanctis. Nam et illud dictum est de seductione extrinsecus veniente: Timeo, ne, sicut serpens Evam seduxit in versutia sua, ita corrumpantur mentes vestrae a simplicitate et castitate, quae est in Christo, cui simile est: Corrumpunt mores bonos colloquia mala, et illud, quod et sibi quisque seductor sit: Qui autem putat se esse aliquid, cum nihil sit, se ipsum seducit, et illud de dei vindicta, quod supra commemoravi: Tradidit illos deus in reprobum sensum, ut faciant, quae non conveniunt. Ita et in veteribus libris, cum praedixisset: Deus mortem non fecit nec laetatur in perditione vivorum, paulo post, invidia inquit diaboli mors introivit in orbem terrarum, et rursus de ipsa morte, ne se homines extra culpam ponerent, impii autem manibus et verbis inquit arcessiverunt illam et existimantes illam amicam defluxerunt; p. 579,12 alibi autem: Bona et mala, vita et mors, divitiae et paupertas a domino deo sunt. Hic perturbati homines non intellegunt in uno eodemque opere malo non postea consequente alia, quae manifesta erit, sed quadam continuo comitante vindicta aliud venire de astutia suadentis, aliud de nequitia volentis, aliud de iustitia punientis, cum diabolus suggerit, homo consentit, deus deserit. Quocirca in opere malo, id est excaecatione infidelium, si intellegatur et diabolus propter suadendi malignitatem, ut sic distinguatur: Deus huius saeculi, non mihi videtur absurdum. Neque enim sine additamento dicitur deus, cum adiungitur huius saeculi, id est hominum impiorum non nisi in hoc saeculo florere volentium; p. 579,24 secundum quod dicitur et malum saeculum, sicut scriptum est: Ut eximeret nos de praesenti saeculo maligno. Tale est enim et illud: Quorum deus venter. Nisi esset ibi quorum, nullo modo diceret: Deus venter. Nec in psalmo daemonia possent dii appellari, nisi adderetur gentium; sic enim scriptum est: Quoniam dii gentium daemonia. Hic autem nec deus huius saeculi nec quorum deus venter nec dii gentium daemonia, sed simpliciter positum est: Deus temperavit corpus, qui non potest intellegi nisi deus verus omnium creator. Illa enim cum vituperatione dicuntur, hoc autem cum laude dictum est. Nisi forte deum temperasse corpus non dispositione membrorum, hoc est fabricando et construendo, sed admixtione lucis suae Faustus intellegit, p. 580,7 ut scilicet haec membra ita distincta et locata suis sedibus alter ‹dis ?› _posuerit, qui hoc fabricavit, deus autem miscendo bonitatem suam huius fabricae malitiam temperaverit. Talibus enim fabulis pueriles animas hebetant. Sed neque hoc eos posse dicere permisit subveniens deus parvulis per ora sanctorum. Habes enim et paulo superius: Deus posuit membra singula, unum quodque eorum in corpore prout voluit. Quis iam non intellegat secundum hoc deum dictum temperatorem corporis, quod ex multis membris corpus fabricavit officia diversorum operum in unitatis compage servantibus?

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