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Contre Fauste, le manichéen

CHAPITRE XLI. CE QUE FIGURAIENT LOTH ET SA FEMME.

Loth, son frère, homme juste et hospitalier au milieu de Sodome, chaste et pur de toutes les souillures des habitants de cette ville, mérita d'être sauvé de l'incendie qui était la figure du jugement à venir. En cela, il était le type du corps du Christ, qui, dans la personne de tous les saints, gémit maintenant parmi les méchants et les impies, dont il réprouve les actions, et du mélange desquels il sera délivré à la fin des siècles, quand ceux-là seront condamnés au supplice du feu éternel. La femme de Loth représente une autre espèce d'hommes, ceux qui étant appelés par la grâce de Dieu, regardent en arrière, à la différence de Paul qui oubliant ce qui est en arrière, s'avance vers ce qui est en avant[^1]. Aussi le Seigneur dit-il lui-même : « Quiconque ayant mis la main à la charrue, regarde en arrière, n'est pas propre au royaume de Dieu[^2] ». Et il rappelle l'exemple de cette femme, pour nous assaisonner, en quelque sorte, afin que nous ne tombions point dans la fadeur par notre négligence, mais que nous nous tenions prudemment en garde contre ce mal. Car c'est pour notre instruction qu'elle a été changée en statue de sel. En effet, le Seigneur, insistant vivement sur la nécessité de tendre constamment en avant en s'arrachant au passé, dit : « Souvenez-vous de la femme de Loth[^3] ». Et quand Loth lui-même eut un commerce charnel avec ses filles, ce n'était pas seulement un signe qu'il était délivré de Sodome, mais la figure de quelque autre chose. En effet, il semble représenter alors la loi future que certains de ses enfants, établis sous son empire, comprennent mal, l'enivrent en quelque sorte; et en usant d'elle d'une manière illégitime, ils enfantent des oeuvres d'infidélité. « La loi est bonne », dit l'Apôtre, « si on en use légitimement[^4]. »

1. Phil. III, 13.

2. Luc, IX, 62.

3. Id. XVII, 32.

4. I Tim. I, 8.

Edition Masquer
Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres

41.

Loth autem frater eius iustus et hospitalis in Sodomis et ab omni Sodomitarum contaminatione purus atque integer ex illo incendio, quod erat similitudo futuri iudicii, meruit salvus evadere, typum gestans corporis Christi, quod in omnibus sanctis et nunc inter iniquos atque impios gemit, quorum factis non consentit et a quorum commixtione in saeculi fine liberabitur, illis damnatis supplicio ignis aeterni, sicut autem aliud genus hominum in eius uxore figuratum est, eorum scilicet, qui per gratiam dei vocati retro respiciunt, non sicut Paulus, qui ea, quae retro sunt, obliviscitur et in ea, quae ante sunt extenditur, p. 634,16 unde et ipse dominus nemo inquit imponens manum super aratrum et respiciens retro aptus est regno caelorum. Nec illud exemplum tacuit, quo nos tamquam sale condiret, ut non fatui neglegeremus, sed prudentes caveremus hoc malum, unde et illa, ut hoc admoneret, in statuam salis conversa est: nam cum praeciperet, ut se quisque perseverantissima anteriorum intentione ab iis, quae retro sunt, eriperet, mementote inquit uxoris Loth. Sic etiam in ipso Loth, quando cum eo filiae concubuerunt, non illud, quod cum a Sodomis liberatus est, sed aliud aliquid figuratum est. Nam tunc ille ipse Loth futurae legis videtur gestasse personam, quam quidam ex illa procreati et sub lege positi male intellegendo quodam modo inebriant eaque non legitime utendo infidelitatis opera pariunt. p. 635,1 Bona est enim lex, ait apostolus, si quis eam legitime utatur.