Traduction
Masquer
Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE LXV. IL Y A À BLAMER CHEZ LES BONS, IL Y A À LOUER CHEZ LES MÉCHANTS.
C'est donc à faux, c'est sur lui-même que Fauste frappe dans sa haine sacrilège, quand il accuse l'Ecriture, si justement vénérée aujourd'hui du monde entier; ce miroir éclatant et fidèle, comme je l'ai déjà dit, qui ne flatte personne, mais juge les bonnes et les mauvaises actions des hommes, ou les abandonne au jugement du lecteur; qui ne nous présente pas seulement des personnages exclusivement digues de blâme ou d'éloge, mais nous fait voir des actions louables chez des hommes vicieux, et des actions blâmables chez des gens de bien. Ainsi, par exemple, de ce que Saül était digne de blâme, il ne suit pas qu'il ne faille pas louer le zèle qu'il mit à connaître celui qui avait goûté du miel malgré l'anathème, et la sévérité avec laquelle il essaya de le punir, par obéissance à Dieu qui avait porté la défense[^1] ; ou le soin qu'il mit à faire disparaître de son royaume les magiciens et les ventriloques[^2]. De même, parce que David était digne d'éloges, il ne faut pas pour autant approuver ou imiter ses fautes que Dieu même lui reproche par la voix d'un prophète[^3]. Egalement, il ne faut point blâmer Ponce-Pilate d'avoir proclamé l'innocence du Seigneur contre les accusations des Juifs[^4]; ni louer Pierre d'avoir renié ce même Seigneur[^5]; ou de n'avoir pas goûté ce qui est de Dieu, quand il voulait détourner le Christ de sa passion, c'est-à-dire de notre rédemption, ce qui lui fit donner le nom de Satan; à lui, qu'un instant auparavant, on venait d'appeler bienheureux[^6]. Mais, ce qui triompha en lui, son apostolat et la couronne du martyre nous le font voir.
-
I Rois, XIV, 24-45.
-
Id. XXVIII, 3.
-
II Rois, XII, 1-14.
-
Jean, XIX, 4, 6.
-
Matt. XXVI, 70-74.
-
Id. XVI, 22, 23, 17.
Edition
Masquer
Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
65.
Inaniter ergo Faustus in se ipsum potius dente sacrilego saeviens sanctam scripturam, quam totus iam mundus merito veneratur, accusat; quae, ut supra dixi, tamquam speculi fidelis nitor, nullius accipit adulandam personam, sed et laudanda et vituperanda hominum facta vel ipsa iudicat vel legentibus iudicanda proponit, nec solum homines ipsos vel vituperabiles vel laudabiles intimans, verum etiam quaedam in vituperabilibus laudanda et in laudabilibus vituperanda non tacens. Neque enim quia vituperabilis homo erat Saul ideo non est laudabile factum eius, quod gustatum de anathemate tam diligenter scrutatus, tam severe vindicare conatus est oboediens deo, qui hoc fieri prohibuerat, vel quod pythones et ventriloquos de regno suo delevit, p. 661,1 aut quia laudabilis erat David, ideo peccata eius, quae deus quoque arguit per prophetam, vel approbanda vel imitanda sunt, sicut nec in Pontio Pilato vituperandum est, quod adversus accusationes Iudaeorum innocentem dominum iudicavit, nec in Petro laudandum est, quod eundem dominum ter negavit, vel unde ab ipso satanas appellatus est, quod non sapiendo, quae dei sunt, eum voluit a passione, hoc est a nostra salute revocare; paulo ante ergo dictus beatus, paulo post dictus est satanas. Sed quid in illo obtinuerit, apostolatus eius et martyrii corona testatur.