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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra Faustum Manichaeum

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Contre Fauste, le manichéen

CHAPITRE XXIV. SEM ET JAPHET REPRÉSENTENT L'ÉGLISE. APOSTROPHE AUX MANICHÉENS, ENFANTS DE CHAM.

Mais qui ne sera excité, ou même formé à la foi, ou confirmé en elle, en voyant la bénédiction accordée aux deux fils qui ont voilé par respect la nudité de leur père, quoi que en se détournant, comme des hommes mécontents de l'effet de la vigne maudite? « Béni soit le Seigneur, le Dieu de Sem ! » s’est-il dit. Car bien qu'il soit le Dieu de toutes les nations, cependant il a adopté pour ainsi dire comme nom propre, même chez les nations d'alors, le nom de Dieu d'Israël. Et d'où vient cela, sinon de la bénédiction accordée à Japhet? Car l'Eglise a rempli le monde entier par là multitude des nations ! C'était cela, certainement cela, que signifiaient ces paroles prophétiques : « Que Dieu étende les possessions de Japhet, et qu'il habite dans les tentes de Sem[^1] ». Voyez, Manichéens, voyez : voilà que l'univers entier est sous vos yeux : vous êtes frappés de stupeur, vous êtes affligés à la vue de nos peuples, parce que Dieu étend les possessions de Japhet. Voyez s'il n'habite pas dans les tentes de Sem, c'est-à-dire dans les églises construites par les Apôtres, enfants des Prophètes. Ecoutez ce que disait déjà Paul aux nations fidèles : « Vous qui étiez en ce temps-là sans Christ, séparés de la société d'Israël, étrangers aux Testaments, n'ayant point l'espérance de la promesse, et sans Dieu en ce monde». Ces paroles prouvent que Japhet n'habitait pas encore dans les tentes de Sem. Mais voyez ensuite comme l'Apôtre conclut peu après : « Vous n'êtes donc plus des hôtes et des étrangers, mais des concitoyens des saints, et de la maison de Dieu; bâtis sur le fondement des Apôtres et des Prophètes, le Christ Jésus étant lui-même la pierre principale de l'angle[^2] ». Voilà comment Japhet étend ses possessions et habite dans les tentes de Sem. Et cependant, vous avez en main les épîtres des Apôtres où sont consignés ces témoignages vous les lisez, vous les prêchez. Où vous placerai-je donc, sinon dans ce mur mitoyen maudit où le Christ n'est pas la pierre angulaire? Car nous ne vous reconnaissons pas pour être du mur qui est passé de la circoncision à la foi au Christ et dont étaient les Apôtres; ni de celui qui vient de l'incirconcision, dont font partie tous les gentils, qui se rencontrent dans l'unité d'une même foi, comme dans la paix de la pierre angulaire. Néanmoins, tous ceux qui admettent et lisent certains de nos livres canoniques, où l'on voit que le Christ est né et a souffert comme homme, et ne couvrent cependant point, par l'association et le sacrement de l'unité, cette même chair mortelle mise à nu dans la passion, mais proclament dans la science de la piété et de la charité, ce dont nous tirons tous notre origine : ceux-là, dis-je, quoique ils ne s'entendent point entre eux, que les Juifs soient séparés des hérétiques, et les hérétiques les uns des autres, sont cependant utiles à l'Eglise, ou comme témoins, ou comme preuves, et sont tous pour elle dans la même condition d'esclavage. Car c'est des hérétiques qu'il a été dit : « Il faut qu'il y ait même des hérésies, afin qu'on découvre ceux d'entre vous qui sont éprouvés[^3] ». Allez donc maintenant, et calomniez nos anciens livres sacrés; faites cela, fils de Cham, devenus esclaves; allez, vous qui avez méprisé dans sa nudité la chair dont vous êtes nés: car vous ne pourriez en aucune façon vous dire chrétiens, si le Christ n'avait été prédit par les Prophètes, n'était pas venu au monde, n'avait pas bu le fruit de sa vigne, ce calice qui ne put passer loin de lui; s'il n'eût dormi dans sa passion, comme dans l'ivresse d'une folie qui est plus sage que les hommes, et qu'ainsi l'infirmité de la chair mortelle n'eût été mise à nu par un secret dessein de Dieu : chair plus forte que les hommes, et sans laquelle (c'est-à-dire si le Verbe de Dieu ne s'en fût revêtu) le nom même de chrétien, dont vous êtes si fiers, n'existerait pas sur la terre. Mais faites, je vous le répète : montrez par dérision ce que nous honorons de nos respects; que l'Eglise se serve de vous comme d'esclaves, afin qu'on découvre ceux de ses enfants qui sont éprouvés. Les Prophètes lui ont si peu caché ce qu'elle devait avoir à souffrir, que nous vous retrouvons dans leurs pages, en vos lieux et place, bouffis d'une misérable vanité, fatale aux réprouvés qu'elle séduit, mais utile pour la n1anifestation des fidèles éprouvés.

  1. Gen. IX, 26, 27.

  2. Eph. II, 12, 19, 20.

  3. I Cor. XI, 19.

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Reply to Faustus the Manichaean

24.

Again, every one must be impressed, and be either enlightened or confirmed in the faith, by the blessing of the two sons who honored the nakedness of their father, though they turned away their faces, as displeased with the evil done by the vine. "Blessed," he says, "be the Lord God of Shem." For although God is the God of all nations, even the Gentiles acknowledge Him to be in a peculiar sense the God of Israel. And how is this to be explained but by the blessing of Japhet? The occupation of all the world by the Church among the Gentiles was exactly foretold in the words: "Let God enlarge Japhet, and let him dwell in the tents of Shem." That is for the Manichaean to attend to. You see what the state of the world actually is. The very thing that you are astonished and grieved at in us is this, that God is enlarging Japhet. Is He not dwelling in the tents of Shem?--that is, in the churches built by the apostles, the sons of the prophets. Hear what Paul says to the believing Gentiles: "Ye were at that time without Christ, being aliens from the commonwealth of Israel, and strangers from the covenants; having no hope of the promise, and without God in the world." In these words there is a description of the state of Japhet before he dwelt in the tents of Shem. But observe what follows: "Now then;" he says, "ye are no more strangers and foreigners, but fellow-citizens with the saints, and of the household of God, being built upon the foundation of the apostles and prophets, Jesus Christ Himself being the chief corner-stone." 1 Here we have Japhet enlarged, and dwelling in the tents of Shem. These testimonies are taken from the epistles of the apostles, which you yourselves acknowledge, and read, and profess to follow. You occupy an unhappy middle position in a building of which Christ is not the chief corner-stone. For you do not belong to the wall of those who, like the apostles, being of the circumcision, believed in Christ; nor to the wall of those who, being of the uncircumcision, like all the Gentiles, are joined in the unity of faith, as in the fellowship of the corner-stone. However, all who accept and read any books of our canon in which Christ is spoken of as having been born and having suffered in the flesh, and who do not unite with us in a common veiling with the sacrament of the mortality, uncovered by the passion, but without the knowledge of piety and charity make known that from which we all are born,--although they differ among themselves, whether as Jews and heretics, or as heretics of one kind or other,--are still all useful to the Church, as being all alike servants, either in bearing witness to or in proving some truth. For of heretics it is said: "There must be heresies, that those who are approved among you may be manifested." 2 Go on, then, with your objections to the Old Testament Scriptures! Go on, ye servants of Ham! You have despised the flesh from which you were born when uncovered. For you could not have called yourselves Christians unless Christ had come into the world, as foretold by the prophets, and had drunk of His own vine that cup which could not pass from Him, and had slept in His passion, as in the drunkenness of the folly which is wiser than men; and so, in the hidden counsel of God, the disclosure had been made of that infirmity of mortal flesh which is stronger than men. For unless the Word of God had taken on Himself this infirmity, the name of Christian, in which you also glory, would not exist in the earth. Go on, then, as I have said. Declare in mockery what we may honor with reverence. Let the Church use you as her servants to make manifest those members who are approved. So particular are the predictions of the prophets regarding the state and the sufferings of the Church, that we can find a place even for you in what is said of the destructive error by which the reprobate are to perish, while the approved are to be manifested.


  1. Eph. ii. 12, 19, 20. ↩

  2. 1 Cor. xi. 19. ↩

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