CHAPITRE XXXVI. SENS PROPHÉTIQUE DE LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE ET DE LA RECONSTRUCTION DU TEMPLE.
Et cette transmigration de Babylone, que l'Esprit de Dieu ordonne par la bouche du prophète Jérémie, en recommandant aux captifs de prier pour les peuples au milieu desquels ils seront en exil (parce que la paix des uns sera la paix des autres), et de bâtir des mai sons, de planter des vignes, de cultiver des jardins[^5] : peut-on ne pas reconnaître de quoi elle est la figure, quand on voit les vrais Israélites, ceux en qui il n'y a pas d'artifice[^6], passer au royaume des nations par la prédication des Apôtres avec le sacrement évangélique ? Aussi l'Apôtre, copiant pour ainsi dire Jérémie, nous dit-il : « Je veux donc en premier lieu que tous fassent des supplications, des adorations, « des demandes, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et ceux qui sont en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et charité ; car cela est bon et agréable au Sauveur notre Dieu, qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité[^1] ». C'est par là, en effet, que ces croyants se sont construit des maisons de paix, des basiliques pour les assemblées chrétiennes, ont planté des vignes, des peuples fidèles, cultivé des jardins, où s'élève au-dessus de toutes les plantes, ce grain de sénevé, sous le vaste ombrage duquel l'insolent orgueil des Gentils eux-mêmes vient, à la façon des oiseaux du ciel, chercher refuge et repos[^2]. Et si, après soixante-dix ans, suivant la prophétie de ce même Jérémie, on revient de captivité et que le temple se relève[^3] : quel est le disciple fidèle du Christ qui ne comprenne qu'après la révolution des temps, qui s'opère par la répétition des sept jours, nous aussi, c'est-à-dire l'Eglise de Dieu, nous devons sortir du pèlerinage de ce monde pour retourner à la Jérusalem céleste? Et par qui, sinon par Jésus-Christ, le vrai grand-prêtre, dont Jésus, le grand-prêtre de ce temps, qui bâtit le temple après la captivité, était la figure? Le prophète Zacharie vit ce prêtre en vêtements souillés, vaincre le démon qui l'accusait[^4] ; après quoi on lui ôta ses vêtements souillés et on lui donna un vêtement d'honneur et de gloire ; comme le corps de Jésus-Christ, qui est l'Eglise, après avoir vaincu son ennemi au jugement, à la fin des temps, passera du deuil de l'exil, à la gloire du salut éternel. C'est ce qui est clairement exprimé dans le psaume de la dédicace du temple : « Vous avez changé mon deuil en joie, vous avez déchiré le sac dont j'étais enveloppé, et vous m'avez revêtu d'allégresse, afin que ma gloire vous chante et que je ne sois plus attristé[^7]».
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Jer. XXIX, 1-7.
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Jean, I, 47.
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I Tim. II, 1-4.
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Matt. XIII, 31, 32.
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Jer. XXIX, 10; Esd. I.
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Zach. III.
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Ps. XXIX, 12,13.