CHAPITRE XLVI. CARACTÈRE DE LA FOI SIMPLE.
Mais la doctrine catholique enseigne qu'il faut d'abord nourrir de foi simple l'esprit du chrétien, précisément pour le rendre capable de comprendre les vérités supérieures et éternelles. C'est en effet ce que dit le Prophète : « Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas[^2]». Et cette foi simple est celle par laquelle, avant de connaître la science suréminente du Christ pour être remplis de toute la plénitude de Dieu[^3], nous croyons que ce n'est pas sans raison que le mystère d'humilité, par lequel il est né et a souffert comme un homme, a été prédit si longtemps d'avance par des Prophètes, par une nation prophétique, par un peuple prophétique, par un royaume prophétique ; et que dans cette folie, qui est plus sage que les hommes, dans cette infirmité, qui est plus forte que les hommes[^4], il se cache quelque chose de grand pour notre , justification et notre glorification. Là en effet sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science[^5], qui ne s'ouvrent point pour celui qui a rejeté avec mépris la nourriture que lui transmettait la chair de sa mère, c'est-à-dire le lait nourrissant qui lui venait par les mamelles des Apôtres et des Prophètes; qui, dédaignant la nourriture de l'enfant, comme s'il était parvenu à la maturité de l'âge, s'est précipité sur les mets empoisonnés de l'hérésie plutôt que sur l'aliment de la sagesse, pour lequel il avait la témérité de se croire disposé. Ainsi donc, ce que nous disons de la nécessité de la foi simple, n'est point en contradiction avec ce que nous disons de la nécessité de croire aux Prophètes; bien plus, ces deux points se rattachent, car il faut que l'esprit soit purifié et fortifié par la foi aux Prophètes, pour être capable de comprendre Celui qui parlait ainsi par la bouche des Prophètes.
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Id. VII, 9.
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Eph. III, 19.
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I Cor. I, 25.
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Col. II, 3.