CHAPITRE VI. COMMENT LA LOI ET LES PROPHÈTES PEUVENT S'ACCOMPLIR.
Fauste ne comprend pas, ou feint de ne pas comprendre, ce que c'est qu'accomplir la loi, puisqu'il parle d'addition de paroles, et rappelle qu'il est écrit qu'on ne doit rien ajouter à la divine Ecriture, ni rien en retrancher[^4] ; ce qui lui fait dire qu'elle n'a pas dû être accomplie, puisqu'on la donne comme tellement parfaite qu'il n'y a rien à y ajouter, rien à en retrancher. Ils ne savent donc pas comment celui qui vit selon la loi, accomplit la loi. « Car », comme dit l'Apôtre, « l'amour est la plénitude de la loi[^1] ». Or, cet amour, le Seigneur a daigné en offrir le modèle et le donner, en envoyant l'Esprit-Saint à ses fidèles. Ce qui fait dire au même Apôtre : « La charité de Dieu est répandue en nos coeurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné[^2] ». Et le Seigneur lui-même nous dit : « C'est en cela que tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres[^3] ». La loi s'accomplit donc, soit quand ses commandements sont exécutés, soit quand ses prophéties se réalisent. Car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ[^5]. La loi elle-même, en s'accomplissant, est devenue la grâce et la vérité. La grâce appartient à la plénitude de l'amour, la vérité à l'accomplissement des prophéties. Et comme l'un et l'autre ont eu lieu par le Christ, c'est pour cela qu'il n'est pas venu abolir la loi et les Prophètes, mais les accomplir ; non en ajoutant à la loi quelque chose qui lui manquait, mais en réalisant ce qui y est écrit ; comme ses paroles mêmes l'attestent : car il ne dit pas : «Un iota ou un seul point de la loi ne passera pas » jusqu'à ce qu'on y ait ajouté ce qui y manque, mais : « jusqu'à ce que tout soit accompli ».
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Deut. XII, 32.
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Rom. XIII, 10.
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Id. V, 5.
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Jean, XIII, 35.
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Jean, I, 17.