CHAPITRE XII. COMMENT DIEU A TROUVÉ SES OEUVRES BONNES, CE QUE NE PEUT FAIRE LE DIEU DES MANICHÉENS.
Je sais bien que je chante ici pour des sourds. Cependant je ne désespère pas que mes chants rencontrent une oreille docile, ouverte par le Seigneur, de qui tout ce que nous disons tient son caractère de vérité. Mais quels juges des divines Ecritures, que des hommes qui trouvent mauvais que Dieu ait jugé bons ses ouvrages, et qui le critiquent comme ayant été frappé d'admiration à l'aspect de la lumière à laquelle il n'était point habitué; tout cela parce qu'il est écrit: « Dieu vit que la lumière était bonne[^3] ? » Dieu approuve ses ouvrages, parce qu'ils lui plaisent, et c'est là voir qu'ils sont bons : car il n'est point forcé d'agir contre son gré, de manière à faire ce qui ne lui plaît pas; pas plus qu'il n'agit par imprévoyance et par méprise, de manière à être mécontent d'avoir agi. Mais comment les Manichéens ne trouveraient-ils pas mauvais que notre Dieu ait vu que son oeuvre était bonne, quand le leur, après avoir précipité ses propres membres dans les ténèbres, s'est mis un voile devant les yeux? Il n'a pas vu que son oeuvre était bonne; mais il n'a pas voulu la voir, parce qu'elle était mauvaise.
- Gen. I, 4.