CHAPITRE XXXI. JUSTIFICATION DE SARA, ÉPOUSE D'ABRAHAM.
Et quand Fauste reproche à Sara d'avoir consenti à l'action d'Abraham, il est encore égaré par sa malveillance et son désir de blâmer; mais, sans le savoir et sans le vouloir, il fait l'éloge des deux époux. En effet, Sara n'a point été complice d'un crime, de l'assouvissement d'une passion coupable et honteuse ; mais, fidèle aussi à l'ordre naturel, elle désirait des enfants, et se voyant stérile, elle s'est approprié, en vertu de son droit de maîtresse, la fécondité de sa servante ; en cela, elle ne cédait point à la passion de son mari, mais elle lui donnait un ordre qu'il exécutait[^1]. Et ce n'était point là un orgueil déplacé : car, qui ne sait qu'une femme doit obéir à son époux comme à un maître? Mais quant à ce qui tient aux membres du corps au point de vue de la distinction du sexe, l'Apôtre nous dit : « De même le mari n'a pas puissance sur a son corps, c'est la femme[^2] » ; en sorte que, tandis que, dans tout ce qui tend au maintien de la paix, la femme doit obéissance à son mari, cependant, en ce point seulement, en tout ce qui concerne la différence du sexe et l'acte conjugal, ils ont l'un sur l'autre la même puissance, le mari sur la femme et la femme sur le mari. Sara voulut donc avoir, d'une servante, des enfants qu'elle ne pouvait avoir d'elle-même, mais du même mari dont elle les aurait eus, si elle avait pu en avoir. Une femme ne se conduirait pas ainsi, si elle n'éprouvait pour son mari qu'une convoitise charnelle ; elle jalouserait une concubine plutôt qu'elle ne la rendrait mère. Mais ici, il n'y a eu, d'un côté, qu'un pieux désir d'avoir des enfants, parce que, de l'autre, il n'y avait aucune volonté coupable.
-
Gen. XVI, 2, 4.
-
I Cor. VII, 4.