CHAPITRE PREMIER. LA PIÈCE DE DRAP NEUF ET LE VIEIL HABIT.
Fauste. Pourquoi n'admettez-vous pas l'Ancien Testament ? — Parce que j'ai été prévenu par le Nouveau : et entre l'Ancien et le Nouveau il n'y a pas de liaison, comme l'atteste l'Écriture. Car, dit-elle, « personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil habit, autrement on le déchirera davantage[^1] ». Pour éviter de produire, comme vous le faites, une plus grande scission, je ne mêle point la nouveauté chrétienne à la vétusté hébraïque. Qui ne trouverait honteux, après avoir revêtu des habits neufs, de ne pas laisser les vieux au rebut ? Aussi, quand même je serais né juif, comme les apôtres, il eût été honorable pour moi, en acceptant le Nouveau Testament, de répudier l'Ancien, comme ils l'ont fait eux-mêmes. Mais ayant reçu de la nature l'insigne bienfait de ne pas naître sous le joug de la servitude, et voyant venir à moi tout d'abord, le Christ avec le don d'une liberté parfaite, ne serais-je point malheureux, insensé et ingrat, de me vouer à l'esclavage ? Paul reproche aux Galates, revenant à la circoncision, de retourner à des observances légales si défectueuses et si impuissantes, auxquelles ils voulaient de nouveau s'assujétir[^2] : puis-je admettre ce que je vois condamner dans un autre ? S'il est honteux de rentrer en servitude, il l'est davantage de s'y soumettre pour la première fois.
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Matt. IX, 16; Luc, V, 36.
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Gal. IV, V.