VII.
L'Apôtre voulait-il donc tromper, quand il disait: « Jésus-Christ m'est témoin que je dis la vérité et que je ne mens point, ma conscience me rend ce témoignage par le Saint-Esprit. Je suis saisi d'une tristesse profonde, et mon coeur est pressé sans cesse d'une douleur violente. C'est au point que j'eusse désiré devenir moi-même anathème, à l'égard de Jésus-Christ, pour mes frères qui sont d'un même sang que moi, selon la chair, qui sont les Israélites, à qui appartient l'adoption des enfants, sa gloire, son alliance, sa loi, son culte et ses promesses; ils ont pour pères les patriarches, desquels est sorti selon la chair Jésus-Christ même qui est Dieu, au-dessus de tout, et béni dans tous les siècles. Amen1 ». Dès les premières paroles, l'Apôtre affirme qu'il dit la vérité, qu'il la dit en Jésus-Christ qui est la Vérité même, et sous l'impulsion de sa conscience éclairée par l'Esprit-Saint, et il termine cette protestation par la forme usitée du serment : Amen. Or, voici que notre adversaire soutient qu'ici l'Apôtre ne dit pas la vérité, qu'il trompe les faibles et abuse de l'impossibilité où ils sont de saisir la vérité; qu'il ne distribue pour lait aux enfants, que des vanités, et pour nourriture aux fils de la foi, que le poison des mensonges diaboliques. Plût à Dieu qu'un tel blasphème ne retentît jamais aux oreilles des chrétiens ! plût à Dieu qu'il fût refoulé bien loin des limites de l'univers catholique ! Cette adoption, cette gloire, ces alliances, ces dispositions de la loi, cette obéissance, ces promesses, ces patriarches de qui est né selon la chair Jésus-Christ, qui est le Dieu béni dans tous les siècles, n'y a-t-il dans tout cela que des fables vieillies ? Celui qui défend de s'occuper des fables vieillies, n'impose-t-il à son disciple que le souvenir de fables vieillies ?
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Rom. IX, 1-5. ↩