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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra adversarium Legis et Prophetarum Contre un adversaire de la loi et des prophètes
LIVRE SECOND.

XXVIII.

Dissipons tous les doutes. Nous avons déjà expliqué dans quel sens on peut dire que la loi est un ministère de mort, et nous avons conclu que la loi est sainte, juste et bonne. Maintenant rappelons une parole de l'épître aux Romains. Nous y lisons : « De sorte que nous servons Dieu dans la nouveauté de l'Esprit et non dans la vieillesse de la lettre ». Cette maxime est à peu près identique à celle que notre adversaire a rappelée sans la comprendre. Aussitôt, apercevant dans l'avenir ces ennemis loquaces et blasphémateurs qui devaient se faire de ces paroles une arme pour attaquer la loi, l'Apôtre ajoute: « Que dirons-nous donc? La loi est-elle un péché? Dieu nous garde d'une telle pensée ! Mais je n'ai connu le péché que par la loi, car je n'aurais point connu la concupiscence si la loi n'avait dit: Vous n'aurez point de mauvais désirs. Mais le péché ayant pris occasion de s'irriter par les préceptes, a produit en moi toute sorte de mauvais désirs, car sans la loi le péché était mort. Et moi, je vivais autrefois lorsque je n'avais point de loi ; mais le commandement étant survenu, le péché est ressuscité ; et moi je suis mort, et il s'est trouvé que le commandement qui devait servir à me donner la vie, a servi à me donner la mort. Car le péché ayant pris occasion du commandement pour s'irriter davantage, m'a séduit et m'a tué par le commandement même. Ainsi la loi est véritablement sainte, et le commandement est saint, juste et bon. Ce qui était bon en soi, «m'a-t-il donc causé la mort? Nullement; mais c'est le péché qui, m'ayant donné la mort par une chose qui était bonne, s'est réellement montré avec son caractère de péché1 ». Voilà bien le ministère de mort; voilà bien la lettre qui tue; d'un autre côté, le commandement devait donner la vie ; la loi est sainte, le précepte est saint, juste et bon. Et cependant, comme c'est à l'occasion même du bien que l'âme désobéissante reçoit la mort, quand la grâce de Dieu ne vient pas à son secours, on peut dire que dans l'Ancien Testament la loi est devenue un ministère de mort, à cause de la lettre qui tue, tandis que dans le Nouveau Testament la grâce est un ministère de vie à cause de l'Esprit qui vivifie. Mais quels sont ce ministère de mort, et ce ministère de damnation ? Ecoutez : « Le péché ayant pris occasion de s'irriter par le précepte, a produit en moi toute sorte de mauvais désirs ;... le commandement est survenu et le péché est ressuscité...; il s'est trouvé que le commandement qui devait servir à me donner la vie, a servi à me donner la mort...; le péché ayant pris occasion du commandement pour s'irriter davantage, m'a séduit et m'a tué par le commandement même...; la loi est venue afin que le péché se multipliât2... ; la loi produit la colère3... ; la force du péché, c'est la loi4 ». Est-ce que la défense même de péché, c'est-à-dire la loi, n'enflamme pas le désir de pécher? Ce désir n'est éteint que par le désir contraire, celui de bien faire, dès que « la foi agit par la charité5 ». C'est là l'oeuvre, non pas de la loi qui commande, mais de la grâce qui aide ; l'oeuvre, non pas de la loi, mais de la grâce; l'oeuvre non pas de l'Ancien Testament, qui engendre pour la servitude, et qui est figuré par Agar, mais l'oeuvre du Nouveau Testament, sous l'empire duquel tous les enfants sont, « non pas les enfants de l'esclave, mais les enfants de la femme libre, de la liberté qui nous a été donnée par Jésus-Christ6». Toutefois la loi est sainte, le commandement est saint, juste et bon. A l'occasion de ce commandement saint, juste et bon, le péché a produit toute sorte de mauvais désirs dans ceux qui n'ont pas l'esprit de Jésus-Christ. Tel fut l'Apôtre sous l'Ancien Testament, comme il nous le déclare lui-même quand il nous dit : Le péché ayant pris occasion de s'irriter par les préceptes, a produit en moi toute sorte de mauvais désirs. Quel est ce commandement; si ce n'est celui qu'il nous désigne en ces termes : « Je n'aurais pas connu la concupiscence, si la loi n'avait pas dit: Vous n'aurez pas de mauvais désirs ? » Serait-ce donc un mal de ne pas connaître la concupiscence? C'est même un grand bien. La loi est donc bonne, puisqu'elle défend le mal ; mais quand elle est séparée de l'Esprit qui vivifie, elle tue, tout en commandant ce qui est bien. La force du péché, c'est d'enflammer la concupiscence en l’irritant par la défense même. Or, ce n'est ni la lettre du précepte, ni la crainte du châtiment qui éteint le péché, mais l'Esprit qui aide par l'amour de la justice. C'est pourquoi l'Apôtre ajoute : « Le péché, en me donnant la mort par une chose qui était bonne, s'est montré dans sa véritable nature de péché. Ce n'est point par une chose mauvaise, mais par une chose bonne qu'il a donné la mort ». Qu'ils pèsent ces paroles, s'ils le peuvent, tous ceux qu'un coeur aveugle et furieux soulève contre la loi de Dieu, et contre Moïse qui en a été le dispensateur et le ministre. Si donc la loi est un ministère de mort, c'est parce que le péché s'est servi de l'occasion du bien pour engendrer la mort; elle est un ministère de damnation, parce que le péché s'est servi du bien pour opérer la damnation.


  1. Rom. VII, 6-13. ↩

  2. Rom. V, 20.  ↩

  3. Id. IV, 15.  ↩

  4. I Cor. XV, 56.  ↩

  5. Gal. V, 6.  ↩

  6. Id. IV, 24, 31. ↩

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Contre un adversaire de la loi et des prophètes

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