XXX.
Mais nos ennemis s'indignent quand on leur dit qu'un Dieu bon frappe d'aveuglement l'intelligence de qui que ce soit. Ils oublient, sans doute, ces paroles du Sauveur: « Je suis venu pour juger le monde, afin d'ouvrir les yeux à ceux qui ne voient pas, et de frapper d'aveuglement ceux qui voient1». Il est donc vrai de dire avec l'Apôtre que « Celui qui pardonne à qui il veut et qui endurcit comme il lui plaît, éclaire aussi celui qu'il veut, et aveugle quand cela lui plaît ». Toutefois il ne peut y avoir en Dieu aucune iniquité2, car l'Eglise chante en son honneur : « Je célébrerai, Seigneur, votre miséricorde et l'équité de vos jugements3». Il éclaire donc dans sa miséricorde, et s'il frappe d'aveuglement, c'est en conséquence d'un jugement très-équitable quoique mystérieux. « Nul ne peut sonder ses jugements », dit l'Apôtre4. C'est à Dieu que s'adresse aussi cette parole : « Vous avez pris place sur votre trône pour juger l'équité5 ».