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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) De Trinitate

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De la trinité

CHAPITRE VI.

COMMENT IL Y A TRINITÉ DANS LA SIMPLICITÉ MÊME DE DIEU. LA TRINITÉ DIVINE SE DÉMONTRE-T-ELLE PAR LES TRINITÉS TROUVÉES DANS L’HOMME ET COMMENT?

  1. Quand donc nous disons: éternel, sage, heureux, ces trois choses sont-elles la Trinité qu’on appelle Dieu? Nous réduisons, il est vrai, ces douze attributs à trois; mais peut-être pouvons-nous réduire encore ces trois à un seul. Si, en effet, sagesse et puissance, ou vie et sagesse peuvent n’être qu’une seule et même chose dans la nature de Dieu; pourquoi éternité et sagesse, ou bonheur et sagesse, ne seraient-ils pas aussi une seule et même chose dans cette même nature divine? Par conséquent, comme il n’importait pas de dire douze attributs ou trois, puisque nous avons réduit douze à trois ; il n’importe pas davantage de dire trois ou un, cet un auquel nous avons fait voir qu’on peut réduire les trois. Mais quelle méthode de discussion, quelle vigueur et quelle puissance d’intelligence, quelle vivacité de raison, quelle pénétration d’esprit nous démontrera — pour ne rien dire de plus — comment cet un, cette sagesse qui s’appelle Dieu, est Trinité? Car Dieu ne reçoit pas la sagesse d’un autre, comme nous la recevons de lui; mais il est lui—même sa propre sagesse, puisque sa sagesse n’est pas autre chose que son essence, et qu’être et être sage sont pour lui la même chose. Sans doute les Saintes-Ecritures appellent le Christ vertu de Dieu et sagesse de Dieu (Cor., I, 24 ); mais nous avons fait voir dans le septième livre (Ch., I, 3 ) que ces paroles ne doivent pas s’entendre en ce sens que le Fils rend le Père sage, et la raison va jusqu’à nous faire voir que le Fils est sagesse de sagesse, comme il est lumière de lumière, et Dieu de Dieu. Et, du Saint-Esprit, nous n’avons pu découvrir autre chose sinon qu’il est aussi Sagesse, et que les trois personnes ne sont qu’une seule sagesse, comme elles ne sont qu’un seul Dieu et, une seule essence. Comment donc comprendre que cette sagesse, qui est Dieu, est aussi Trinité? Je n’ai pas dit : comment croire? car c’est-là un point hors de toute question pour les fidèles : mais s’il est un moyen pour l’intelligence de voir ce que nous croyons, quel est ce moyen?

  2. Si nous cherchons dans lequel de ces livres la Trinité a commencé à nous apparaître, nous trouvons que c’est dans le huitième. C’est là en effet que la discussion nous a amené à tourner, autant que possible, l’attention du lecteur vers cette parfaite et immuable nature, qui n’est pas notre âme. Nous la considérions alors comme étant proche de nous et pourtant au-dessus de nous, non localement, mais par sa respectable et merveilleuse présence, tellement qu’elle semblait être actuellement en nous par sa lumière. Cependant nous n’y découvrions pas encore de trinité, parce que l’éblouissement ne nous (546) permettait pas de fixer le regard de notre âme pour la chercher; nous nous contentions de voir d’une manière quelconque qu’il ne fallait point supposer, là, une étendue matérielle où deux ou trois fussent plus grands qu’un. Puis en arrivant à l’amour, comme l’Ecriture Sainte dit que Dieu est amour ( Jean, IV, 16 ), nous avons commencé à entrevoir la Trinité, c’est-à-dire celui qui aime, celui qui est aimé et l’amour. Mais comme cette ineffable lumière éblouissait nos yeux, et nous faisait sentir l’impuissance de notre âme à sonder ce mystère, pour soulager notre attention et nous reposer entre le début elle terme, nous nous sommes rabattus sur un sujet plus à notre portée, sur l’étude de notre âme, selon laquelle l’homme a été créé à l’image de Dieu (Gen., I, 27 ). Et afin que les perfections invisibles de Dieu, qui ont été faites par les choses, nous fussent rendues intelligibles(Rom., I, 20 ), nous nous sommes arrêtés, du neuvième au quatorzième livre, sur cette créature qui est nous. Enfin après avoir autant et plus qu’il ne fallait peut-être, exercé notre intelligence sur des objets inférieurs, nous désirons nous élever jusqu’à la contemplation de cette souveraine Trinité qui est Dieu, et nous ne le pouvons pas.

En effet si nous voyons avec une certitude entière des trinités formées, soit des corps extérieurs, soit de la pensée qui résulte de la sensation qu’ils nous impriment; ou quand des impressions naissent dans l’âme, indépendamment des sens corporels , comme la foi, comme les vertus destinées à régler notre vie, que la raison voit clairement et qui sont du domaine de la science; ou quand l’âme elle-même, par laquelle nous connaissons tout ce que nous disons avec vérité connaître, se connaît elle-même, ou quand elle voit quelque chose qu’elle n’est pas, quelque chose d’éternel et d’immuable : si, dis-je, nous voyons là certaines trinités avec certitude, parce qu’elles s’opèrent en nous, ou sont en nous, quand nous nous rappelons, quand nous voyons ou voulons ces choses, voyons-nous de la même manière la Trinité divine? Voyons-nous par l’intellect Dieu parlant, puis son Verbe — c’est-à-dire le Père et le Fils — puis l’amour procédant de l’un et de l’autre, commun à l’un et à l’autre, c’est-à-dire le Saint-Esprit? Serait-ce que nous voyons ces trinités propres à nos sens ou à nos âmes plutôt que nous ne les croyons, et que nous croyons que Dieu est Trinité plutôt que nous ne le voyons? S’il en est ainsi, ou les perfections invisibles de Dieu ne nous sont pas rendues intelligibles par les choses qui ont été faites, ou, si nous en voyons quelques-unes, nous n’y découvrons pas la Trinité, en sorte qu’il y a des choses que nous voyons et d’autres que nous devons croire sans voir. Or, dans le livre huitième, nous avons démontré que nous voyons le bien immuable, qui n’est pas nous, et le quatorzième nous l’a rappelé, alors que nous parlions de la sagesse que Dieu donne à l’homme. Pourquoi donc n’y reconnaissons-nous pas la Trinité? Serait-ce que la sagesse qui s’appelle Dieu, ne se comprend pas, ne s’aime pas elle-même? Qui osera le dire? Ou qui ne voit que là où il n’y a pas rie science, il ne peut y avoir de sagesse? Ou bien devons-nous croire que la sagesse qui est Dieu connaît d’autres choses et s’ignore elle-même, ou aime d’autres choses et ne s’aime pas elle-même? S’il est absurde et impie de dire ou de penser ces choses, voilà donc la Trinité, c’est-à-dire la sagesse, la connaissance de soi, et l’amour de soi. C’est en effet ainsi que nous avons découvert une trinité dans l’homme l’âme, la connaissance qu’elle a d’elle-même, et l’amour dont elle s’aime.

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De Trinitate

VI.

[VI 9] Num igitur cum dicimus: ‚Aeternus, sapiens, beatus,‘ haec tria sunt trinitas quae appellatur deus? Redigimus quidem illa duodecim in istam paucitatem trium, sed eo modo forsitan possumus et haec tria in unum aliquid horum. Nam si una eademque res in dei natura potest esse sapientia et potentia aut vita et sapientia, cur non una eademque res esse possit in dei natura aeternitas et sapientia aut beatitudo et sapientia? Ac per hoc sicut nihil intererat utrum illa duodecim an ista tria diceremus quando illa multa in istam redegimus paucitatem, ita nihil interest utrum tria ista dicamus an illud unum in cuius singularitate duo cetera similiter redigi posse monstravimus.

Quis itaque disputandi modus, quaenam tandem vis intellegendi atque potentia, quae vivacitas rationis, quae acies cogitationis ostendet, ut alia iam taceam, hoc unum quod sapientia dicitur deus quomodo sit trinitas? Neque enim sicut nos de illo percipimus sapientiam ita deus de aliquo, sed sua est ipse sapientia quia non est aliud sapientia eius, aliud essentia cui hoc est esse quod sapientem esse. Dicitur quidem in scripturis sanctis Christus dei virtus, et dei sapientia, sed quemadmodum sit intellegendum ne patrem filius videatur facere sapientem in libro septimo disputatum est, et ad hoc ratio pervenit ut sic sit filius sapientia de sapientia quemadmodum lumen de lumine, deus de deo. Nec aliud potuimus invenire spiritum sanctum nisi et ipsum esse sapientiam, et simul omnes unam sapientiam sicut unum deum, unam essentiam. Hanc ergo sapientiam quod est deus, quomodo intellegimus esse trinitatem? Non dixi: ‚Quomodo credimus?‘ (nam hoc inter fideles non debet habere quaestionem), sed si aliquo modo per intellegentiam possumus videre quod credimus, quis iste erit modus?

[10] Si enim recolamus ubi nostro intellectui coeperit in his libris trinitas apparere, octavus occurrit. Ibi quippe ut potuimus disputando erigere temptavimus mentis intentionem ad intellegendam illam praestantissimam immutabilemque naturam quod nostra mens non est. Quam tamen sic intuebamur ut nec longe a nobis esset et supra nos esset, non loco sed ipsa sui venerabili mirabilique praestantia ita ut apud non esse suo praesenti lumine videretur. In qua tamen nobis adhuc nulla trinitas apparebat quia non ad eam quaerendam in fulgore illo firmam mentis aciem tenebamus; tantum quia non erat aliqua moles ubi credi oporteret magnitudinem duorum vel trium plus esse quam unius cernebamus utcumque. Sed ubi ventum est ad caritatem quae in sancta scriptura deus dicta est eluxit paululum trinitas, id est amans et quod amatur et amor. Sed quia lux illa ineffabilis nostrum reverberabat obtutum et ei nondum posse contemperari nostrae mentis quodam modo convincebatur infirmitas, ad ipsius nostrae mentis secundum quam factus est homo ad imaginem dei velut familiariorem considerationem reficiendae laborantis intentionis causa inter coeptum dispositumque refleximus, et inde in creatura quod nos sumus ut invisibilia dei per ea quae facta sunt conspicere intellecta possemus immorati sumus a nono usque ad quartum decimum librum.

Et ecce iam quantum necesse fuerat aut forte plus quam necesse fuerat exercitata in inferioribus intellegentia ad summam trinitatem quae deus est conspiciendam nos erigere volumus nec valemus. Num enim sicut certissimas videmus trinitates, sive quae forinsecus de rebus corporalibus fiunt, sive cum ea ipsa quae forinsecus sensa sunt cogitantur; sive cum illa quae oriuntur in animo nec pertinent ad corporis sensus sicut fides, sicut virtutes quae sunt artes agendae vitae manifesta ratione cernuntur et scientia continentur; sive cum mens ipsa qua novimus quidquid nosse nos veraciter dicimus sibi cognita est vel se cogitat; sive cum aliquid quod ipsa non est, aeternum atque incommutabile conspicit; num ergo sicut in his omnibus certissimas videmus trinitates quia in nobis fiunt vel in nobis sunt, cum ista meminimus, aspicimus, volumus ita videmus etiam trinitatem deum quia et illic intellegendo conspicimus tamquam dicentem et verbum eius, id est patrem et filium, atque inde procedentem caritatem utrique communem, sanctum scilicet spiritum? An trinitates istas ad sensus nostros vel animum pertinentes videmus potius quam credimus, deum vero esse trinitatem credimus potius quam videmus? Quod si ita est, profecto aut invisibilia eius per ea quae facta sunt nulla intellecta conspicimus, aut si ulla conspicimus, non in eis conspicimus trinitatem, et est illic quod conspiciamus, est quod etiam non conspectum credere debeamus. Conspicere autem nos immutabile bonum quod nos non sumus liber octavus ostendit, et quartus decimus cum de sapientia quae homini ex deo est loqueremur admonuit. Cur itaque ibi non agnoscimus trinitatem? An haec sapientia quae deus dicitur non se intellegit, non se diligit? Quis hoc dixerit? Aut quis est qui non videat ubi nulla scientia est nullo modo esse sapientiam? Aut vero putandum est sapientiam quae deus est scire alia et nescire se ipsam, vel diligere alia nec diligere se ipsam? Quae sive dici sive credi stultum et impium est. Ecce ergo trinitas, sapientia scilicet et notitia sui et dilectio sui. Sic enim et in homine invenimus trinitatem, id est mentem et notitiam qua se novit et dilectionem qua se diligit.

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