• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Du baptême contre les Donatistes
LIVRE QUATRIÈME : Réfutation de Saint Cyprien.
CHAPITRE V. PARALLÈLE ENTRE L’HÉRÉTIQUE ET L’AVARE.

7.

« C’est donc en vain, a dit-saint Cyprien, que nos adversaires vaincus par la raison nous opposent la coutume, comme si la coutume pouvait l’emporter sur 1a vérité; ou bien comme si dans les choses spirituelles on ne devait pas s’attacher de préférence à ce qui nous a été révélé par le Saint-Esprit ». On ne peut qu’applaudir à ce langage, car la coutume est sans valeur devant la raison et la vérité. Au contraire, quand la vérité vient confirmer la coutume, on a atteint le dernier degré de la certitude. Le saint martyr ajoute : « On peut pardonner à celui qui est simplement dans l’erreur, mais sans aucune obstination de sa part ». C’est ainsi que l’Apôtre a dit de lui-même : « J’ai d’abord été blasphémateur, persécuteur et outrageux, mais j’ai mérité d’obtenir miséricorde, parce que j’agissais dans l’ignorance (I Tim., I, 13). — Mais quand, après avoir reçu l’inspiration et la révélation, le coupable persévère sciemment dans son erreur première, il n’a plus le droit d’invoquer l’ignorance pour obtenir plus facilement son pardon. Dès que la raison le condamne, n’est-ce point de sa part obstination et présomption, de persévérer dans sa voie criminelle ? ». Il est parfaitement exact de dire que le péché commis en pleine connaissance est de beaucoup plus grave que celui que l’on commet dans l’ignorance. Voilà pourquoi ce saint martyr, aussi savant, que docile, commentant les éloges prodigués par saint Paul à un évêque (II Tim., II, 24), s’exprimait en ces termes: « Ce que l’on doit surtout aimer dans un évêque, c’est non-seulement qu’il enseigne pertinemment, mais aussi qu’il sache recevoir avec patience les lumières qui lui viennent de ses frères (Cyp., Lettre LXIX, à Pompeius) ». Je suis persuadé que si la question de la réitération du baptême dans l’Eglise avait été soumise à un long et minutieux examen entre lui et de saints et savants collègues, comme ceux qui plus tard confirmèrent l’ancienne coutume par décret rendu en concile général, non-seulement Cyprien aurait prouvé sa profonde science dans les matières où il avait pour lui la vérité, mais encore il aurait fait preuve de la plus édifiante docilité sur les matières qu’il ne possédait que d’une manière imparfaite. Quoi qu’il en soit, tout homme avouera sans peine qu’on est de beaucoup plus coupable quand on pèche en pleine connaissance, que quand on pèche par ignorance. Or, je voudrais qu’on me dît lequel des deux est le plus criminel, ou celui qui tombe dans l’hérésie sans en comprendre la gravité, ou celui qui s’obstine dans son avarice dont il apprécie la culpabilité. Je pourrais également poser la question en ces termes: Quel est le plus coupable de celui qui, sans le savoir, tombe dans l’hérésie, ou de celui qui, avec une pleine connaissance, s’obstine dans l’idolâtrie? Je me sers de cette dernière expression,. parce que l’Apôtre a dit de l’avarice « qu’elle est un culte « idolâtrique ». Cyprien lui-même interprète dans le même sens ce passage de l’Apôtre, quand il écrit à Antonianus (Cyp., Lettre LV, à Antonianus.): « Que nos nouveaux hérétiques modèrent l’enthousiasme avec lequel ils s’écrient qu’ils ne sont point en communion avec les idolâtres; car dans leurs rangs se trouvent des adultères et des voleurs, dont le crime constitue une sorte d’idolâtrie. Car, dit l’Apôtre, sachez que nul fornicateur, nul impudique, nul avare, dont le vice est une idolâtrie, ne sera héritier du royaume de Jésus-Christ et de Dieu (Eph., V, 5) ». Et ailleurs : « Mortifiez vos membres qui sont sur la terre; c’est-à-dire la fornication, l’impudicité, la concupiscence mauvaise et l’avarice, qui est un culte rendu aux idoles (Coloss III, 5) ». Je demande donc lequel des deux est le plus coupable, ou celui qui tombe dans l’hérésie sans le savoir, ou celui qui sciemment refuse de renoncer à l’avarice qui est une idolâtrie? D’après ce principe que celui qui pèche avec connaissance est plus coupable que celui qui pèche par ignorance, nous devons conclure contre celui qui reste sciemment dans l’avarice. Je consens même à placer au même rang de culpabilité l’hérétique inconscient et l’avare convaincu, afin qu’on ne m’accuse pas de ne faire consister que dans la science du coupable la grandeur du crime de l’hérésie comme on le fait pour l’avarice; j’avoue cependant que cette supposition paraît en contradiction avec le passage de l’Apôtre; et en effet, ce que nous détestons avant tout dans les hérétiques, ce sont leurs blasphèmes. D’un autre côté, voulant nous prouver que l’ignorance est une raison sérieuse d’obtenir plus facilement son pardon, Cyprien apporte en témoignage ces paroles de l’Apôtre: « J’ai d’abord été blasphémateur, persécuteur et outrageux, mais j’ai obtenu miséricorde parce que j’ai agi dans l’ignorance (I Tim., I, 13) ». Mais enfin, comme je l’ai dit plus haut, je suppose sur le pied de parfaite égalité le blasphème de celui qui ignore et l’idolâtrie de celui qui connaît; je frappe d’une seule et même condamnation celui qui en cherchant Jésus-Christ se laisse tromper par les apparences, et celui qui, en pleine connaissance de cause, résiste à cet oracle divin formulé par l’Apôtre : « Nul fornicateur, nul impudique, nul avare, dont le vice est une idolâtrie, ne sera héritier du royaume de Jésus-Christ et de Dieu»; et je demande pourquoi annuler dans le premier, et approuver dans le second, le baptême et les paroles évangéliques, quand il est prouvé que ni l’un ni l’autre ne sauraient être membres de la colombe unique? Refusera-t-on l’entrée au premier, parce qu’il est un batailleur manifeste, tandis que l’on conservera l’autre, quoiqu’il ne soit qu’un disciple fourbe et rusé?

pattern
  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Download
  • docxDOCX (210.72 kB)
  • epubEPUB (206.48 kB)
  • pdfPDF (709.24 kB)
  • rtfRTF (693.58 kB)
Traductions de cette œuvre
Du baptême contre les Donatistes
The Seven Books of Augustin, Bishop of Hippo On Baptism, Against the Donatists Comparer

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité