16.
Nous entendons l’Apôtre se servir d’expressions comme celles-ci : « Ma gloire (I Cor., IX, 15 ) mon ministère (Rom., XI, 13); ma prudence (Eph., III, 4); mon Evangile (II Tim., II, 8 ) », tout en reconnaissant que ces dons lui viennent du Seigneur; quant au sacrement dont nous parlons, nous ne voyons pas qu’aucun apôtre ait jamais dit : Mon baptême. La gloire de ces Apôtres n’est pas la même pour tous; leur ministère n’est pas égal ; ils ne sont pas tous doués de la même prudence; la prédication n’a pas été aussi fertile et aussi laborieuse pour les uns que pour les autres; on peut même ajouter que l’un a été plus savant et plus habile que l’autre dans la doctrine du salut. Et cependant de tous les chrétiens on ne peut pas dire que l’un ait été plus ou moins baptisé que l’autre, que ce sacrement lui ait été conféré par un ministre inférieur ou supérieur. « Il est aisé de connaître les oeuvres de la chair, qui sont la fornication, l’impureté, l’impudicité, la dissolution, l’idolâtrie, les empoisonnements, les inimitiés , les dissensions, les jalousies, les animosités, les querelles, les divisions, les hérésies, les envies, les meurtres, les ivrogneries, les débauches et autres choses semblables (Gal., V, 19-21)». Or, voici la réflexion que me suggèrent ces paroles: Si l’on s’étonne de voir le baptême de Jésus-Christ conféré à des hommes déjà baptisés par saint Jean, tandis qu’on ne réitère pas ce sacrement quoique conféré par des hérétiques; pourquoi ne pas s’étonner qu’on ait baptisé des hommes déjà baptisés par saint Jean, tandis qu’on ne rebaptise pas après des ministres jaloux? Dans sa lettre sur l’envie et la jalousie, Cyprien lui-même ne classe-t-il pas les jaloux au nombre des partisans du démon? ne rappelle-t-il pas, en se fondant sur le témoignage de l’apôtre saint Paul, que dès les temps apostoliques, il-se trouvait des ministres qui s’inspiraient de l’esprit de jalousie (Cyp., Lettre LXXIII, à Jubaianus )?