5.
Autant était grande l’autorité doctrinale de Cyprien, autant était profonde son humilité; voilà pourquoi, rappelant avec amour l’exemple de Pierre, il s’écrie : « Pouvait-il nous donner une plus haute leçon de concorde et de patience? n’était-ce pas nous dire que nous devons nous défier de toute obstination dans nos propres jugements, et adopter comme nôtres, si elles sont vraies et légitimes, les observations qui nous sont soumises d’une manière aussi utile que salutaire par nos frères et par nos collègues? »Un tel langage ne prouve-t-il pas que Cyprien était tout disposé à modifier son opinion, dès qu’il lui serait démontré que le baptême de Jésus-Christ peut être validement conféré hors de l’Eglise par ceux qui n’ont pu le perdre en se séparant de cette même Eglise? Dans plusieurs circonstances, nous avons déjà formulé notre conviction sur ce point. D’ailleurs, nous n’oserions tenir ce langage si nous n’étions appuyés par l’imposante autorité de l’Eglise; devant cette autorité, il se serait courbé lui-même, si la question eût été tranchée par décret d’un concile universel. En effet, s’il fait de saint Pierre un si brillant éloge, parce que cet apôtre, dans une opinion particulière, a reçu avec amour et concorde les observations de Paul, plus récemment appelé à l’apostolat; avec quel empressement il se serait soumis, lui et son concile provincial, à l’imposante décision d’un concile général? Bien plus, cette âme si sainte et si pacifique aurait très-facilement accueilli toute parole qui l’eût éclairé par des raisons solides; peut-être même l’a-t-il fait, mais nous l’ignorons. Car, à cette époque, il a dû se passer entre les évêques bien des choses qui n’ont pu être écrites, ou du moins que nous ne connaissons pas. Avant que cette importante question, jusque-là noyée dans des discussions sans fin, fût soumise à l’imposante autorité d’un concile général, combien de conférences elle a dû provoquer de la part des évêques! Or, c’est bien ici le lieu d’admirer la puissante influence de l’esprit de paix, car, au sein de ces opinions diverses, provoquées par l’obscurité d’une question et par la difficulté de la résoudre, une chose domine tous les débats , l’unité la plus indissoluble et la crainte de frapper d’une plaie invulnérable les partisans de l’opinion condamnée.