XXVII.
Examinez attentivement si cette conclusion est rigoureuse, et répondez-vous à vous-même. Pour peu que vous y apportiez d'attention, je suis persuadé que vous avez trop de perspicacité intellectuelle pour vous laisser prendre à de pures apparences quand il s'agit de conclusions. Oui, sans doute, nous affirmons que les Donatistes ont conservé le baptême véritable; mais, loin de dire que ce baptême conféré par eux soit utile, nous soutenons au contraire qu'il est nuisible. Quand on demande où chacun doit être baptisé, je crois ne voir dans cette question que l'application de ces paroles du Sauveur. « Si un homme ne renaît de l'eau et du Saint-Esprit il n'entrera pas dans le royaume des cieux1 ». Tel est donc le but qui rend nécessaire la réception du baptême ; d'où il suit que demander où l'on doit recevoir le baptême, c'est demander non pas précisément où il est, mais où il est conféré de manière à permettre l'entrée dans le royaume des cieux. Si tous ceux qui possèdent un bien véritable savaient toujours en profiter, on pourrait en toute sécurité demander le baptême à tous ceux qui le possèdent. Mais puisqu'un si grand nombre d'hommes n'ont souvent d'aussi grands biens que pour leur propre malheur, peut-on douter encore qu'en demandant où l'on doit recevoir tel bien, on demande à le recevoir là seulement où il doit nous profiter ? Vous m'avouerez, je pense, que l'or est une chose bonne en soi ; vous m'avouerez également.que des voleurs peuvent avoir de l'or; mais si de ces prémisses je tirais pour conclusion que celui qui veut avoir de l'or, doit entrer en société avec les voleurs, est-ce que vous ne vous opposeriez pas à une telle conclusion ? De même, quand je déclare que le baptême est bon par lui-même, quand je concède que les Donatistes ont le baptême véritable, pouvez-vous conclure que celui qui veut recevoir le baptême doit entrer en société avec les Donatistes ?
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Jean, III, 3. ↩